Théâtre, cinéma, expos, musique…
Acteur prodige, il reçoit dans sa loge de pensionnaire à la Comédie-Française parmi sa collection de mappemondes. Cette année, Loïc Corbery monte son premier spectacle, Hamlet, à part, au Studio (1). Plus tard, il interprétera Le Pays lointain (2) de Jean-Luc Lagarce, entre autres rôles. « En mars, je répéterai l’après-midi avec
Ivo van Hove (3) salle Richelieu et je jouerai le soir le Lagarce à l’Odéon : je peux me considérer comme un acteur heureux. »
Madame Figaro. – Votre spectacle Hamlet, à part est un seul-en-scène.
Un exercice rare à la Comédie-Française ?
Loïc Corbery. – Il entre dans le format « Singulis », qui évolue sans cesse. C’est une carte blanche donnée à un acteur de la troupe dont la devise est
« Simul et singulis », c’est-à-dire être singulier au sein d’un ensemble. Éric Ruf, l’administrateur du Français, m’a proposé d’en concevoir un. J’ai voulu tirer ce fil de la solitude au théâtre. Partant d’un souvenir du Conservatoire, d’un travail sur Hamlet sous la direction de Jacques Lassalle, je cherche aujourd’hui un Hamlet seul, avec son histoire, ses fantômes, ses souvenirs.
Le titre est une didascalie…
Il y en a de nombreuses : « Hamlet seul », « Hamlet lisant », « Tous sortent, sauf Hamlet ». Régulièrement pendant la pièce, Hamlet se retrouve seul sur le plateau. Un des ressorts qui m’a toujours plu dans l’écriture de Shakespeare consiste à briser le quatrième mur pour s’adresser au spectateur. Le personnage-acteur raconte ses secrets. Je pars de là. J’éprouve l’écriture et son écho aujourd’hui. Mon spectacle est une rêverie autour du mythe. Il est nourri de textes, de livres de chevet – Molière, Musset, Hugo, Voltaire, mais aussi Ismaïl Kadaré, Philip Roth, Philippe Avron, Philippe Caubère, Ingmar Bergman… que je partage avec le public.
Un peu plus tard dans la saison, vous jouerez à l’Odéon une pièce de Jean-Luc Lagarce mise en scène par votre complice, Clément Hervieu-Léger.
J’interprèterai Louis dans Le Pays lointain : un retour dans une famille, une autre histoire de fantôme. Nous abordons Lagarce comme Molière ou Marivaux, comme un grand classique du théâtre contemporain, dans les thèmes abordés, les personnages croqués, l’écriture proposée.
Son langage est une sculpture, une peinture, une oeuvre d’art en soi.
(1) Hamlet, à part, jusqu’au 24 février, au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, à Paris. (2) Le Pays lointain, du 15 mars au 7 avril, au Théâtre de l’Odéon, à Paris.