NIKKI GEMMELL Un départ volontaire
ELLE EN PARLAIT POURTANT, MAIS ILS NE L’ONT PAS VRAIMENT PRISE AU SÉRIEUX. Certes elle souffrait beaucoup depuis une opération du pied qui avait échoué, mais c’était une femme si forte, si déterminée à vivre. Quand sa mère met fin à ses jours, chez elle, sans laisser même un mot, Nikki Gemmell, son mari et leurs quatre enfants sont profondément secoués, ne comprenant pas ce qu’ils vivent comme une désertion de poste, un abandon cruel et égoïste. L’auteur alors trouve son salut dans l’écriture, tenant un journal pendant cet épouvantable deuil qu’elle n’arrive pas à faire et qui la propulse dans la dépression. Avec ce récit, dont il émane autant de lumière que d’émotion, elle ausculte la relation complexe, faite d’amour mais aussi de rivalité et d’incompréhension, qui la liait à sa mère, elle raconte cette terrible culpabilité de n’avoir rien vu venir, de ne pas avoir été assez présente auprès de sa mère souffrante pour cause de vies de famille et professionnelle bourrées comme un oeuf… Mais, petit à petit, elle comprend et accepte le geste d’Elayn. Nikki Gemmell revient sur le désir d’émancipation de cette très belle femme, qui grandit dans la vallée minière Hunter, fut mannequin dans sa jeunesse, puis épousa un copain de lycée et éleva trois enfants dans sa région natale, avant de divorcer et de partir avec sa fille – l’auteur, donc – vivre à Sydney. Une femme courageuse, mais control freak et voulant inculquer à sa fille un perfectionnisme dont l’adolescente ne voulait pas. Le récit se penche également sur le vieillissement, sur ce que signifie être une famille, sur le métier de mère, qui est le plus bel engagement qui soit, mais qui, certains jours, paraît une condamnation à perpétuité. Surtout, exacerbée dans le contexte d’un suicide, c’est-à-dire d’une mort solitaire, la question centrale : « Avons-nous aimé comme il faut ? » Un livre douloureux, mais porté par une foi incandescente dans l’amour et l’écriture. » I. P.