Confidentiel : Julian Schnabel.
(sur l’édition Île-de-France)
Pourquoi un film sur Van Gogh ?
Réaliser At Eternity’s Gate était une impulsion, une mesure de correction. En tant que peintre, j’ai l’impression d’avoir un ressenti différent sur ce qu’étaient ses peintures et sa personnalité. Selon moi, tout artiste est son oeuvre. Pourquoi Willem Dafoe pour l’incarner ?
Pour la profondeur de sa personnalité et la sincérité de son jeu. Ce qu’il fait n’est pas une performance mais une transfiguration.
Que raconterait un film sur vous ?
Je n’en ai aucune idée. Quoique, c’est peut-être déjà fait. Quand j’ai réalisé Basquiat, mon père m’a dit : « Tu aurais dû l’appeler
Schnabel »… Mais je crois en réalité qu’il pourrait y avoir une multitude de films sur moi ou sur n’importe quel artiste : nous avons tous une interprétation différente des créations que nous voyons.
Le principal trait de votre caractère ?
Il y a aussi mille réponses à cette question. C’est difficile de se connaître soi-même. Celui que vous détestez chez les autres ?
L’absence de gentillesse et d’empathie.
Qu’aimeriez-vous changer en vous ?
J’aimerais être plus calme. Sur une île déserte, qu’emporteriez-vous ?
Rien. Pour rester au calme, justement.
Quelle est la force qui vous pousse dans la vie ?
Cela peut paraître ringard, mais c’est l’amour. Et sans doute la curiosité : voir une chose et me demander comment elle pourrait évoluer, se transformer est le moteur de mon travail.
Les trois basiques de votre dressing ?
Des pinceaux, des toiles, de la peinture.
Quelque chose qu’on ignore sur vous ?
Il y en a tant… Je suis fan de films de kung-fu ! Une musique dans votre vie ?
Nina Simone, Bob Dylan, Benjamin Clementine, Lou Reed, pour la vérité qui se dégage de leurs chansons et interprétations. Gérard Depardieu qui chante Barbara me bouleverse aussi. Tout comme la BO d’At Eternity’s Gate, de Tatiana Lisovkaia.
Le livre qui vous accompagne ?
Un poème : Musée des beauxarts, de W. H. Auden.
Un héros d’enfance ?
Je pourrais dire Marlon Brando ou Pablo Picasso, mais, en réalité, c’était mon grand frère. Je voulais qu’il m’emmène à Coney Island. Nous nous sommes éloignés depuis.
Votre madeleine de Proust ?
La pizza. C’est toute mon enfance : il y avait une pizzeria au coin de chez nous, à Brooklyn. Mais je suis aussi ému par la fleur d’oranger : elle a l’odeur de ma liberté.
« At Eternity’s Gate », de Julian Schnabel, avec Willem Dafoe, Oscar Isaac, Mads Mikkelsen… Disponible sur Netflix.