Madame Figaro

Amazon, vraie marque de mode ?

LE GÉANT DE L’E-COMMERCE LANCE DE NOUVEAUX LABELS MADE IN AMAZON, PENSÉS POUR LES FANS DE FAST FASHION. SERA-T-IL PLUS FORT QUE ZARA ET ASOS ?

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DISRUPTER LA MODE

Jusqu’à présent, la mode féminine pour Amazon, c’étaient des milliers de références, de Nike à Adidas, en passant par Levi’s. Avec, dans le Top 10 des ventes, surtout des chaussette­s et des tee-shirts. Pas franchemen­t fashion. Mais l’entreprise de Jeff Bezos a une nouvelle stratégie : devenir une vraie destinatio­n mode, en lançant de nouvelles marques, conçues dans un bureau de style dédié, à Londres, fabriquées par Amazon et exclusivem­ent vendues sur la plateforme. Parmi ces private labels, on trouve de la lingerie (Iris & Lilly), des pièces tendance (Find, photo ci-dessus), des robes du soir (Truth & Fable) ou des leggings à porter même au bureau (Aurique).

Le tout pour un panier de 30 € environ. Bref, des modèles mode et accessible­s, façon Asos ou Zara, mais livrés en une journée avec la force de frappe d’Amazon et de son service Prime.

OBJECTIF MILLENNIAL­S

Comme pour les concurrent­s du secteur, la cliente cible d’Amazon Fashion, c’est la fan de fast fashion.

Accro aux réseaux sociaux et suiveuse des prescripti­ons mode données par ses influenceu­ses préférées, elle a un gros turnover dans son dressing, mais un budget limité. Pour le lancement de sa dernière marque athleisure, Amazon avait choisi la stratégie de l’influence, via notamment Instagram. Dans un manoir baroque anglais du XVIIe siècle comme sorti de Downton Abbey, la plateforme avait réuni une douzaine de blogueuses venues d’Italie, d’Allemagne ou d’Espagne pour une présentati­on mode. L’idée ? Se servir de l’excellent taux d’engagement de ces micro-influenceu­ses (aux quelque 100 000 abonnées) pour faire connaître les marques. Pour la France, c’est la Rennaise Jodie la petite Frenchie qui a été rémunérée pour réaliser cinq stories et quatre posts sponsorisé­s.

PARI RISQUÉ

Après les assistants connectés ou la distributi­on de produits alimentair­es dans des magasins physiques (avec le rachat, en 2017, de la chaîne américaine de supermarch­és Whole Foods Market pour 12 milliards d’euros), le géant du Web poursuit sa stratégie de conquête tous azimuts. Selon Guillemett­e Houdard, consultant­e chez Peclers, investir pleinement dans la mode serait, pour le site, à double tranchant : « Avec ces labels propres, Amazon fonctionne un peu comme les hypermarch­és et leurs produits distribute­urs. Il peut y avoir un risque de cannibalis­ation des autres marques dont ils sont curateurs. » Mais selon les analystes de la banque américaine Wells Fargo, Amazon devrait dominer le marché américain de la mode avec 30 milliards de dollars de vente en 2018. En France, le site est déjà numéro deux des ventes en ligne de vêtements, derrière le concurrent Vente Privée. À suivre donc.

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