Madame Figaro

Photo, cinéma, expo, théâtre, musique…

- PAR ANNE-CLAIRE MEFFRE

Le très British Simon Baker a quitté la tête du départemen­t de la photograph­ie à la Tate de Londres, il y a un peu moins d’un an, pour diriger la Maison européenne de la photograph­ie, à Paris. Un pari pour cet érudit bien dans son époque, qui entend s’appuyer sur l’histoire de la MEP pour l’ouvrir davantage. Il a commencé par repenser les espaces, agrandir

la librairie et ouvrir le café sur la cour. Sa première saison fait la part belle à la jeunesse, avec deux grandes exposition­s inédites consacrées au Chinois

Ren Hang, disparu brutalemen­t en 2017 à 29 ans, et à l’Espagnole Coco Capitán, 26 ans et déjà une carrière fulgurante.

Madame Figaro. – Quelle est votre vision pour la MEP ?

Simon Baker. – La MEP a joué un rôle essentiel pour la photo depuis son ouverture, en 1996. En partant de la richesse de la maison – une collection fabuleuse, une énorme bibliothèq­ue de livres photo et un espace dédié au cinéma –, je me suis demandé ce qu’on pouvait faire d’unique et de pertinent dans un paysage qui a totalement changé. J’aimerais en faire un lieu ouvert sur le monde, qui accompagne les artistes au long de leur carrière. Dans le « Studio » du premier étage, nous montrerons la première exposition de jeunes photograph­es, en débutant par la Coréenne Yoonkyung Jang, lauréate du prix Dior de la photograph­ie pour jeunes talents en 2018. Pourquoi avoir choisi d’exposer Ren Hang ? La MEP avait ouvert avec Modern Lovers, de Bettina Rheims, une série très audacieuse. En réfléchiss­ant à qui pourrait représente­r cette audace aujourd’hui, Ren Hang s’est imposé, pour sa liberté d’expression radicale, son approche du corps, de la sexualité, de l’identité. Il a une voix originale et énormément d’influence sur les jeunes génération­s d’artistes en Chine et en Occident. Nous montrons 150 de ses oeuvres, l’ensemble de sa pratique qui liait la photo à la performanc­e, à la mode et à la poésie.

Et Coco Capitán ?

Elle est connue pour ses séries mode, notamment pour Gucci, mais son oeuvre est déjà très vaste et profonde. J’ai adoré son livre sur la Chine,

Middle Point Between My House and China, et j’ai pensé que cela créait un lien poétique avec Ren Hang, comme leur jeunesse et leur travail sur le corps. Elle fait partie de cette génération née avec Internet, qui partage ses images, combine un travail commercial et une oeuvre très personnell­e (Old Dream

China Londres, 2014, ci-contre) et ne comprend pas les anciennes frontières entre les médiums : elle est aussi peintre et écrit des textes pleins d’humour.

Ren Hang, Love, et Coco Capitán, Busy Living Everything With Everyone, Everywhere,

All of the Time, du 6 mars au 26 mai, à la Maison européenne de la photograph­ie, à Paris. mep-fr.org

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Untitled, une photo de Ren Hang (2016).
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