Métropolitain,
Chaque année, le festival Lumière de Lyon, à l’instigation de Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux, honore un grand nom du cinéma. Après Clint Eastwood ou Milos Forman, Martin Scorsese ou Catherine Deneuve, Pedro Almodóvar ou Jane Fonda, c’était le tour de Francis Ford Coppola. Hollywood-sur-Rhône ? En tout cas, le Zeus du Celluloïd ne s’est pas dérobé à la dévotion de ses admirateurs français : lors d’une soirée d’hommage réunissant trois mille spectateurs, l’auteur de Conversation secrète fut célébré dans les formes. Dans la salle, on reconnaissait, entre autres, Laurent Lafitte et Ludivine Sagnier, Gaspar Noé et Anaïs Demoustier, Monica Bellucci et Gael García Bernal. Le grand Coppola était venu à Lyon avec son épouse, Eleanor – cinquante-six ans de mariage –, et son fils Roman. Il a perdu trente kilos,ce qui est une façon de s’ôter des années en éliminant du poids. Au cours de la soirée, Jeanne Cherhal et Alain Chamfort ont chanté pour lui, ainsi que le ténor John Osborn, entonnant une romance sicilienne devant le cinéaste du Parrain. Nathalie Baye, qui siégea en 1996 au jury de Cannes présidé par le réalisateur, a apporté son témoignage. James Gray et Sofia Coppola avaient enregistré des messages filmés. Enfin, deux orateurs ont exalté ses mérites, le Lyonnais Bertrand Tavernier et le Sud-Coréen Bong Joon-ho – Palme d’or à Cannes cette année avec Parasite –, ce dernier décernant cet éloge au cinéaste : « Je suis pacifique, mais quand je vois une scène de meurtre, ça m’excite. » Lorsque le grand Italo-Américain est monté sur scène pour son remerciement, il a évoqué les parades populaires de son enfance : « Je ne voulais ni les diriger ni en être exclu, mais simplement y participer, et c’est cela que le cinéma m’a donné. »
Le lendemain, selon un usage désormais bien installé, Coppola était invité à réaliser sa propre version de La Sortie
des usines Lumière, le premier film, tourné en 1895 sur un site qui existe encore. Plaçant sa caméra à l’endroit où les frères Lumière avaient installé la leur, Coppola a bénéficié comme figurants des invités du festival. Parmi les ouvrières de cette sortie d’usine 2019, on reconnaissait Marina Vlady et Tony Gatlif, Irène Jacob et Hippolyte Girardot, Véronique et Jean-Loup Dabadie, Karin Viard et Vincent Lindon, Christelle Bardet et Laurent Gerra, Michèle Laroque et Régis Wargnier, Julie Gayet et le maire, Gérard Collomb. Coppola, chemise à petites ancres marines, parka et écharpe, a regretté que l’on ne puisse montrer, comme en 1895, une voiture attelée, mais il a disposé, pour sa mise en scène, d’un scooter, de deux vélos et de deux chiens. Le résultat ressemblait à un vieux film de Charlot. On pourra dire que, au moins une fois, on a été dirigés par Coppola.