Madame Figaro

PHILIPPE KATERINE Spirituel en diable

- PAR VALERY DE BUCHET

Le chanteur-compositeu­r propose Confession­s *, son 10e album studio, libre, original… et bien entouré ! Une pépite, et l’occasion de le passer à confesse, exercice qu’il apprécie depuis toujours. Césarisé pour son rôle dans Le Grand Bain, il reviendra aussi bientôt au cinéma, notamment dans Notre dame, de Valérie Donzelli (sortie le 18 décembre). Échange rapide avec ce grand joueur de ping-pong.

Madame Figaro. – Pourquoi ce titre, Confession­s ?

Philippe Katerine. – C’est un mot qui en contient d’autres. Cons, fesses, ions - ces cellules dispersées dans l’espace sans lesquelles nous ne serions rien. Trois mots au pluriel, car le « s » de la fin est important, comme un serpent qui pique, qui contient du poison. Je n’aime pas dire con, ni fesse, encore moins ion, mais alors j’adore dire confession­s.

Comment se sont faites les nombreuses collaborat­ions sur l’album ? C’est venu naturellem­ent, j’ai senti que ma voix serait plus agréable à entendre avec d’autres à côté. Comme un bleu avec un rouge à côté, cela ne donne pas le même bleu si ce bleu côtoie un noir.

Un album, c’est comme une peinture, finalement ?

Bien sûr, cela se compose. Chaque voix a une couleur. La mienne, je l’entends rose. Celle d’Angèle est blanche, incontesta­blement, c’est contenu dans son pseudo, ange. Celle de Camille est rouge sang, organique, comme l’animale sauvage qu’elle est. Celle de Gérard Depardieu serait plutôt bleue royale. Elle dégage de l’autorité, comme le juge que je lui ai demandé de jouer dans la chanson Blond. Celle de Léa Seydoux serait brumeuse, grise, pleine de secrets. Pour Lomepal, c’est l’Italie et le pourpre. Et celle d’Oxmo Puccino, profonde, serait noire car elle contient toutes les autres. Comment naissent vos chansons ? Souvent d’une frustratio­n. Pour cet album, j’ai acheté un ordino (ordinateur, NDLR) avec un programme de MAO (musique assistée par ordinateur) pour faire, dans la solitude, mes maquettes au rythme d’une nuit-une chanson. Il fallait foncer, j’avais trois ou quatre heures avant que les enfants ne se réveillent. J’en ai écrit une quarantain­e, dont on a tiré l’album. Pourquoi avez-vous demandé à l’artiste Théo Mercier d’intervenir pour la pochette ?

Je suis fou de son travail depuis longtemps. Je lui avais montré la pochette que j’avais dessinée pour mon précédent album, Le Film.

Il a commenté d’un « C’est très faible. » J’ai illico pensé que je lui demanderai­s de faire la prochaine. C’est celle-là et je n’ai pas été déçu.

On va vous retrouver au cinéma bientôt…

Oui, le cinéma est contre-nature pour moi, mais il me fait du bien. Même si en ce moment, j’ai surtout envie de faire des concerts, je le sens.

Et ensuite, on vous retrouvera où ?

Je ne sais pas. J’aime aller vers ce que je n’aime pas ; c’est là que quelque chose se produit. Par exemple, je n’avais jamais trop accroché avec Mylène Farmer. J’ai écouté son dernier disque, une chanson intitulée Histoire de fesses. J’ai tiré le fil et je suis devenu inconditio­nnel – je lui trouve une perversité sublime. Un dernier mot, à confesse ?

Petit, j’adorais le confession­nal. Je n’ai jamais été très causant et là, je pouvais parler sans censure, sans jugement, je me répandais, j’inventais des trucs. C’était des moments que j’adorais, j’y allais le plus souvent possible. Le curé en avait marre !

Confession­s, Cinq7/Wagram. En concert le 28 avril, au Zénith de Paris.

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Philippe Katerine

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