Portfolio : théâtre, les femmes occupent la scène.
MONTER UN SPECTACLE, DIRIGER UN PLATEAU OU UN CENTRE D’ART DRAMATIQUE… SI LES HOMMES COMPOSENT ENCORE LE GROS DES TROUPES, LES FEMMES S’IMPOSENT PEU À PEU DANS CES ESPACES DE CRÉATION. CINQ METTEUSES EN SCÈNE TAILLENT EN PIÈCES LES STÉRÉOTYPES ET DÉFENDENT LA PARITÉ SANS RELÂCHE.
MAËLLE POÉSY
CV : à sa sortie de l’École du TNS, elle monte sa compagnie, Crossroad. Cinq ans plus tard, elle fait ses premiers pas à la Comédie-Française. Elle réitère cette saison après avoir créé, au Festival d’Avignon, une adaptation de l’Énéide, de Virgile. Qui dit mieux, à 34 ans ?
POURQUOI LE THÉÂTRE ?
« Pour trouver une forme poétique qui raconte le monde et les relations humaines. »
UNE PIONNIÈRE ?
« Agnès Varda, dont la vie entière a été consacrée à la création, Pina Bausch, qui a inventé une nouvelle forme de plateau, et Virginia Woolf, qui a écrit sur les femmes qui écrivent. »
LA PLACE DES FEMMES ?
« Aussi évidente que celle des hommes à n’importe quel poste. Ce n’est tellement pas genré, le théâtre… »
ÊTRE FÉMINISTE SUR LES PLANCHES…
« Mettre en scène des parcours de femmes qui ressemblent au réel, intéressants et complexes. »
ZÉRO POINTÉ !
« Renvoyer les femmes à leur féminité. Il faut se concentrer sur le travail. »
ACTU
7 Minutes, de Stefano Massini, pièce chorale dans laquelle 11 femmes doivent prendre une décision au nom des 200 employés qu’elles représentent. Au Vieux-Colombier, à Paris, en mars et en avril 2020.
JEANNE HERRY
CV : fille de Miou Miou et de Julien Clerc, elle est actrice, puis bifurque vers la réalisation. On lui doit le film Pupille et la série Mouche. Transfuge du cinéma, elle retourne à ses premières amours, le théâtre.
POURQUOI LE THÉÂTRE ?
« Pour la liberté qu’il offre. C’est un espace de créativité où l’on peut tout faire, même sans argent. Une chaise peut représenter le roi de Danemark… »
UNE PIONNIÈRE ?
« Kathryn Bigelow, une réalisatrice. Parce qu’elle va sur un terrain (la violence, la guerre…) que l’on qualifie encore de viril, dominé par les hommes. »
LA PLACE DES FEMMES ?
« J’ai eu trois grands professeurs : Catherine Hiegel, Dominique Valadié et Muriel Mayette – trois femmes fortes. Statistiquement, c’est moins drôle : les femmes ont moins de rôles, et souvent moins intéressants. »
ÊTRE FÉMINISTE SUR LES PLANCHES…
« Il faut que la seconde partie de l’humanité continue à raconter des histoires, le monde… Et écrive de beaux personnages de femmes complexes. »
ZÉRO POINTÉ !
« Ces phrases misogynes prononcées dans le monde politique qui réduit les femmes à leurs hormones. »
ACTU
Forums, du 22 janvier au 1er mars, au Vieux-Colombier, à Paris.
CHLOÉ DABERT
CV : issue du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, elle joue sous la direction de Joël Jouanneau ou de Jeanne Champagne. En 2012, elle fonde la compagnie Héros-limite avec Sébastien Eveno. Metteuse en scène, elle prend, le 1er janvier 2019, à 42 ans, la tête de la Comédie de Reims.
POURQUOI LE THÉÂTRE ?
« C’est le lieu du questionnement et du partage. »
UNE PIONNIÈRE ?
« Marguerite Duras, pour sa vie, son oeuvre, sa liberté. Son théâtre aussi. Elle a un style unique. »
LA PLACE DES FEMMES ?
« On me demande souvent : qu’est-ce que ça fait d’être la première femme nommée à Reims ? La réponse est : la même chose qu’à un homme ! »
ÊTRE FÉMINISTE SUR LES PLANCHES…
« Imposer la parité. »
ZÉRO POINTÉ !
« Invoquer la légitimité, notion qui fragilise les femmes, pas les hommes. »
ACTU
Iphigénie, de Racine, du 5 au 14 décembre, et Girls and Boys, de Dennis Kelly, du 11 au 20 mars, à la Comédie de Reims.
JULIE DELIQUET
CV : figure emblématique de la nouvelle vague des collectifs, elle est, à 39 ans, directrice artistique de la compagnie In Vitro. Développant une écriture de plateau, elle crée Vania et Mélancolie(s), d’après Tchekhov, et Fanny et Alexandre, d’après Bergman.
POURQUOI LE THÉÂTRE ?
« Je ne me suis jamais posé la question. C’est mon mode d’expression depuis que je suis petite fille. »
UNE PIONNIÈRE ?
« Ariane Mnouchkine. Dans son travail, il y a une porosité entre le réel et la fiction. C’est un moment de partage, un endroit de plaisir. Elle me fascine. »
LA PLACE DES FEMMES ?
« Ce n’est plus un tabou. Aujourd’hui, le théâtre public est attentif à la parité hommes-femmes. Mais la vraie inégalité demeure dans le partage des productions. »
ÊTRE FÉMINISTE SUR LES PLANCHES…
« Je suis archiféministe dans la manière de diriger ma troupe. Je me bats pour une distribution paritaire et pour que les postes de pouvoir aillent aux femmes. »
ZÉRO POINTÉ !
« Dans les concours des écoles de théâtre, il y a en général 650 filles pour 1 000 candidats. Il est d’usage de prendre 6 filles et 6 garçons. Comme par hasard, cette parité-là n’a jamais été contestée… »
ACTU
Un conte de Noël, d’après le film d’Arnaud Desplechin, du 10 janvier au 2 février, aux Ateliers Berthier, à Paris.
JULIE DUCLOS
CV : actrice, formée au Conservatoire de Paris, elle crée la pièce Nos serments, inspirée de La Maman et la Putain, de Jean Eustache, et MayDay, à La Colline. Elle est artiste associée au Théâtre national de Bretagne.
POURQUOI LE THÉÂTRE ?
« C’est un atavisme familial : mère metteuse en scène et père acteur. J’étais partie pour être comédienne. Ma conquête personnelle a été de devenir metteuse en scène, de me situer du côté de la fabrication. »
UNE PIONNIÈRE ?
« Pina Bausch. Elle a inventé un langage, une écriture entre la danse et le théâtre. »
LA PLACE DES FEMMES ?
« Je suis heureuse de vivre à une époque où, enfin, la question de la place des femmes se pose et s’impose. Pour avoir grandi dans ce milieu, je peux témoigner que ce n’était pas si facile pour ma mère. »
ÊTRE FÉMINISTE SUR LES PLANCHES…
« Il n’y a plus de genre. Une femme doit pouvoir s’identifier à un homme, et réciproquement. »
ZÉRO POINTÉ !
« Toute attitude qui infantiliserait les femmes… »
ACTU
Pelléas et Mélisande, de Maurice Maeterlinck, du 25 février au 21 mars, aux Ateliers Berthier, à Paris.