Décodage : 70’s vs 80’s, le match du style.
Les seventies et les eighties se disputent les podiums de l’hiver et du printemps prochain. Entre ces deux décennies joyeuses, à la féminité si typée, notre coeur balance. Petite revue de dressing pour s’approprier les codes de chacune ou se glisser de l’une à l’autre.
D ’UN CÔTÉ, LE SOUFFLE VINTAGE DES LIBRES SEVENTIES, de l’autre, le vent puissant des golden eighties. Sur les podiums, l’esprit des deux décennies est revenu habiter les collections de la saison. Partout, des bottes cavalières, des jupes plissées, des motifs pied-de-poule, des blazers – emblématiques du look de la bourgeoise chère à Chabrol ou à Sautet. Volontiers plébiscités aussi, l’esprit bohème de Loulou de la Falaise, ou les robes pailletées du Studio 54, annonciatrices des années 1980. Ces dernières se sont d’ailleurs infiltrées sur ce terrain de jeu festif à coups de carrure épaulée, power dressing revisité et blousons en cuir. Pourquoi un tel amour de la mode pour ces deux époques pourtant si différentes esthétiquement ? « En termes d’esprit, elles ne sont pas si éloignées, analyse Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po, à Paris, spécialiste de la mode et du luxe. Ce sont deux périodes festives et insouciantes que les créateurs aiment réinventer régulièrement, car elles font rêver. Elles sont aussi toutes les deux synonymes de bouleversement des moeurs, de revendications féministes et de réappropriation du corps. Rappelons que les années 1970 sont celles du Planning familial, ce mouvement qui milite pour le droit à l’éducation, à la sexualité, à la contraception, à l’avortement et à l’égalité femmes-hommes. Les années 1980 poursuivent, elles aussi, cette idée d’affirmation et de puissance des femmes, associée à l’idée de succès professionnel. » La bourgeoise ou la hippie des seventies ? Elle n’est pas si éloignée de la working girl ou de la fille rock et
sporty des eighties. Et pas non plus très lointaine de la femme d’aujourd’hui, qui continue à militer pour sa liberté tout en se gardant le droit de s’amuser quand ça lui plaît.