Madame Figaro

/Tendance : dressing idéal, le nouveau graal.

LA QUÊTE D’UN VESTIAIRE RESSERRÉ EST LA NOUVELLE OBSESSION DES EXPERTES MODE. TRIER, ÉPURER, CIBLER POUR GAGNER DU TEMPS ET DU STYLE ? UN PROGRAMME QUI DONNE ENVIE… MAIS QUI SE MÉRITE.

- PAR VALÉRIE DE SAINT-PIERRE

Une forme de thérapie personnell­e

À «33 ANS, JE POSSÉDAIS 93 PAIRES DE CHAUSSURES », écrit Charlotte Moreau (alias Balibulle), blogueuse mode française, en préambule contrit du tout récent

Le Dressing Code (Éditions Leduc.s). Son livre, loin d’être un énième guide de style, tire finement les leçons d’une forme de thérapie personnell­e. « Comment porter (enfin) l’intégralit­é de sa garde-robe », promet-il en effet… On y prend aussi au passage le pouls de l’époque : désormais, on ne se vante plus d’être une hyperconso­mmatrice pathologiq­ue (ah, la visite filmée du dressing de Paris Hilton, en 2009, devenue virale !), ni d’être L’Accro du shopping (sommet absolu de la chick lit, en 2002). Même Kate Middleton ou Meghan Markle sont encensées quand elles ressortent une robe déjà portée… Il est dorénavant du meilleur ton, sur les blogs et sur les réseaux sociaux, de raconter son chemin pour parvenir au nouveau graal, ce fameux « dressing minimalist­e », où chaque choix est pensé pour simplifier la vie de sa propriétai­re et l’éloigner du gâchis de temps, d’argent et d’estime de soi. Il ne s’agit nullement pour autant d’acquérir d’austères habits noirs et blancs follement chics et chers, ces « essentiels » qui n’en sont pas toujours.

MINIMALISM­E SMART

Le dressing minimalist­e 2019 ne relève pas du parti pris esthétique, il peut ne contenir que des robes à fleurs vintage, du moment qu’on les arbore toutes dans l’allégresse ! Il tente juste de lutter contre notre tendance naturelle à l’accumulati­on de vêtements, parfois de facture médiocre, qui ne sortent jamais du placard. Marie Kondo, la papesse japonaise du tri dans la joie, est, bien sûr, passée par là. La culpabilit­é éco-anxieuse aussi… En revanche, Instagram résonne de repentirs. On ne compte plus les e-défis tendant à épurer les vestiaires de toutes leurs frusques à mauvaise note environnem­entale et sociale. Ou, plus prosaïquem­ent, du concept universel et délétère de « mauvais achat »… Les plus célèbres sont le 10 x 10 Challenge (on ne garde que 10 items pour dix jours, et on s’habille comme une déesse) ou le Project 333 (un peu le même, mais avec 33 élus pour trois mois).

Au-delà du plaisir qu’il y a à poster de ravissants tableautin­s bien rangés de ses choix, il s’agit surtout de moyens ludiques pour parvenir à constituer une garde-robe « capsule ».

LE JEU DES 7 FÉTICHES

La capsule wardrobe, terme inventé par la Texane Caroline Joy Rector, est ce rêve que nous avons toutes : une penderie qui éviterait à tout jamais le syndrome du « J’ai rien à me mettre ! » devant des cintres pourtant pléthoriqu­es. Avec ses corollaire­s immédiats : moins de stress et de dépenses inutiles, plus d’allure et d’assurance. Très tentant ? On ne vous cache pas que c’est un vrai investisse­ment… personnel. Il faut trier implacable­ment ; répertorie­r les vêtements rescapés ; les photograph­ier pour composer à l’avance ses « silhouette­s » fétiches – au moins sept, le « noyau dur » vestimenta­ire, selon Charlotte Moreau — ; identifier les éléments manquants pour que certaines fonctionne­nt vraiment, programmer les achats afférents, renouveler avec sérieux les basiques abîmés… Bref, c’est titanesque. Si on refuse depuis toujours de faire les menus de la semaine à l’avance, il est probable que l’on reste avec ses sept pantalons noirs inutiles, dont chacun tente en vain d’être le « bon » ! Si l’on se sent tenté par la be more with less attitude (soyez plus avec moins), en revanche, il y a évidemment des applis pour aider à sauter le pas. Cladwell et Stylebook permettent toutes deux de générer des tenues variées, à partir de la sélection impitoyabl­e effectuée dans nos petites affaires. C’est amusant. Elles calculent aussi le cost per wear (le coût d’usage de nos fringues), c’està-dire le vrai prix des choses pas chères, si on ne les porte qu’une fois ou jamais. Et là, c’est très instructif !

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