LA REVANCHE DES GENTILS
Il est grand temps de réhabiliter la définition de l’adjectif gentil, trop souvent confondu avec le mot benêt. D’après le Larousse, il désigne le « caractère de quelqu’un qui est aimable… plein de bons sentiments à l’égard d’autrui et qui les manifeste ». Et, bonne nouvelle, cela fait du bien d’adopter cette attitude positive. Le livre Le Syndrome du selfie, de Michele Borba (1), le prouve. Cette psychologue américaine a constaté que les ados d’aujourd’hui ont 40 % moins d’empathie que les adolescents d’il y a trente ans, ce qui engendre moins de résilience et favorise le harcèlement. En se basant sur des études scientifiques, elle a mis au point un plan à l’usage des parents permettant d’enseigner et de muscler l’empathie. Résultat : des enfants heureux qui réussissent et font preuve de sens moral et de courage. Même envie de défendre les bienfaits de la gentillesse du côté de l’écrivain américain George Saunders. Les Éditions Fayard publient Soyez gentils (2), son discours – un brin remanié – prononcé lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’université de Syracuse aux États-Unis en 2013. Il y fait l’éloge de la bonté et y conseille : « Si vous deviez vous fixer un but dans la vie, essayer d’être plus gentil ne serait pas le pire choix. » Même l’université promeut cette valeur ! En 2020, Paris-Nanterre, Paris-VIII et l’INS-HEA vont valoriser les soft skills, ces compétences douces qui intègrent notamment l’intelligence émotionnelle, dans le cadre du projet So Skilled. L’ère des méchants serait-elle enfin révolue ?
(1) « Le Syndrome du selfie. Comment aider nos enfants à aller vers les autres et à être plus heureux », de Michele Borba, Éditions JC Lattès, 21,50 €. (2) « Soyez gentils. Petit éloge de la bonté à l’usage des générations futures », de George Saunders, Éditions Fayard, 10 €.