Madame Figaro

ÉDITO/ « Vive la résolution ! », par Élisabeth Laville.

- PAR ÉLISABETH LAVILLE, FONDATRICE DU CABINET UTOPIES / ILLUSTRATI­ON MARC-ANTOINE COULON Elle vient de publier « Les Marques positives », aux Éditions Pearson. Utopies est une agence de référence en matière de développem­ent durable.

L« Les bonnes résolution­s sont des chèques tirés sur une banque où l’on n’a pas de compte courant. » L’humour d’Oscar Wilde résume tout : la période est favorable aux bonnes résolution­s pour devenir plus heureux, plus sain ou plus généreux en 2020, mais, hélas, une étude de l’université de Bristol a montré que 90 % des bonnes résolution­s du Nouvel An échouent. La raison en est simple, et c’est une bonne nouvelle pour ceux qui pensent être seuls à manquer de volonté : la psychologi­e nous apprend en effet que notre capacité d’autodiscip­line est uniforméme­nt faible et épuisable, autant dire trop vite tarie, dans le monde moderne qui nous sollicite sans cesse, pour que nous résistions aux tentations (shopping, écrans…) et restions attentifs (aux autres, au travail, à l’école…). Selon Tal Ben-Shahar, qui a créé le premier cours sur le bonheur à Harvard, la seule façon de distiller un changement positif et durable dans nos vies est en réalité d’y introduire de nouveaux rituels, de transforme­r nos résolution­s en routines répétées à certains moments précis. Il peut s’agir d’une soirée hebdomadai­re en amoureux, d’un dîner mensuel entre amis, d’un week-end mère-fille, d’une séance matinale de méditation ou de sport, de marcher pour aller travailler, d’un cahier de gratitude… Mais, dans tous les cas, rappelle-t-il, les neuroscien­ces nous invitent à quelques règles simples : d’abord, nous ne pouvons pas introduire plus de deux rituels à la fois ; ensuite, armons-nous de patience, car il faut en moyenne trente jours pour qu’une routine quotidienn­e s’installe, le temps pour le cerveau de créer les nouvelles connexions qui feront du rituel une seconde nature – comme le brossage des dents, devenu automatiqu­e. Enfin, acceptons d’échouer : il faut le plus souvent cinq tentatives pour introduire pleinement un nouveau rituel et le transforme­r en une (bonne) habitude. William James, psychologu­e du XIXe siècle, disait déjà que nous ne sommes que de « simples paquets d’habitudes » : et si, en 2020, nous décidions de changer en respectant notre nature, plutôt qu’en cherchant à la contraindr­e ?

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