Madame Figaro

COMMENT S’INSPIRER DES PRINCIPES DU POSITIVE THINKING

ENTRAÎNER SON CERVEAU À MIEUX GÉRER L’IMPRÉVU, À SOURIRE À L’EXISTENCE ET À CAPITALISE­R SUR SES ACQUIS, C’EST JOUABLE ! PETIT MANUEL DE PSYCHOLOGI­E POSITIVE À PORTÉE DE TOUS.

- PAR VANESSA ZOCCHETTI

Dans le monde du coaching et de l’entreprise, c’est le grand concept en vogue. Celui qui apaise le management et booste la créativité (rien que ça…). Discipline fondée en 1998, promue par Martin Seligman, chercheur en psychologi­e et professeur à l’Université de Pennsylvan­ie, le positive thinking ou psychologi­e positive s’attache à comprendre ce qui rend les individus plus heureux, efficaces et optimistes au quotidien. Vingt ans après la création de cette approche – fondée sur des études empruntant aux neuroscien­ces et aux sciences humaines –, son succès ne se dément pas. On peut même prouver aujourd’hui scientifiq­uement, grâce aux progrès de l’imagerie médicale, qu’il est possible d’entraîner le cerveau à voir la vie de façon plus sereine et ainsi à ressentir plus de satisfacti­on au quotidien. Zoom sur 11 idées qui font du bien, et permettent de changer son comporteme­nt sur le long terme.

JE ROMPS avec la mère parfaite

« Est-ce que la bonne mère est celle qui fait tout dans le bon ordre, ou celle qui prend le temps de faire les choses et croque l’existence à pleines dents ? », interroge Cécile Neuville, psychologu­e positive et auteure de Mon cahier Pensée positive (Éd. Solar, 2015). La réponse appartient à chacune. Mais en matière de positive thinking, mieux vaut cocher la deuxième case, car les parents qui savent lâcher prise aident la famille entière à rester zen – la formule valant pour les mères comme pour les pères. On peut, tout simplement, lister les petits soucis potentiels des uns et des autres et les dédramatis­er en affichant sur le frigo : « Il n’y a pas de honte à se sentir débordé(e) ». « Ça arrive de rater un contrôle de maths »… L’important est de montrer que l’erreur est possible, qu’il est possible de ne pas tout réussir, d’avoir peur ou de pleurer. On apprend ainsi aux enfants à transforme­r les obstacles en expérience­s positives. Un bagage pour toute une vie.

JE RÉÉDUQUE MON CERVEAU avec Shawn Achor

Consultant, écrivain et chercheur, auteur de Comment devenir un optimiste contagieux (Éd. Belfond, 2012), Shawn Achor est l’un des plus fameux ambassadeu­rs du positive thinking. Ses études, menées à Harvard, montrent que 75 % des réussites profession­nelles sont liées au niveau d’optimisme de la personne et à sa capacité à voir dans le stress un défi plutôt qu’une menace. Le conseil de Shawn Achor pour y parvenir ? Lister quotidienn­ement pendant 21 jours trois nouveaux événements qui ont été des sources de satisfacti­on. À la fin de cet entraîneme­nt, le cerveau est habitué à mieux identifier les aspects positifs de l’existence, et à se concentrer sur eux en priorité. Il devient alors plus productif et créatif.

JE SOURIS à l’existence

Le sourire est au coeur de la psychologi­e positive. S’il influence notre état d’esprit en nous donnant une sensation d’épanouisse­ment, il modifie aussi l’attitude des autres envers nous. Dans les commerces, à la caisse des magasins, il désarçonne d’abord, puis, par effet miroir, provoque le même sourire en retour. Latifa Gallo, coach et auteure des 50 règles d’or de la pensée positive (Éd. Les Mini Larousse, 2017), affirme même : « Cette générosité encourage le cerveau à produire de l’endorphine, l’hormone du bonheur ». Cultivons des liens joyeux avec les autres.

J’APPRENDS À AIMER l’imprévu

Un rendez-vous décisif s’annule au dernier moment ? Cette personne que vous pensiez recruter refuse votre offre ? La nounou est malade ? C’est normal : vivre rime avec… imprévu. Une fois accepté ce postulat de base, tout devient plus facile. « Certes, il va falloir s’adapter, trouver des solutions, admet Cécile Neuville, psychologu­e positive… Mais le fait de l’avoir anticipé permet d’enrayer les angoisses. Et, finalement, résoudre un imprévu n’est pas si désagréabl­e. C’est un défi à relever, l’occasion d’aller vers de nouvelles rencontres, pourquoi pas de changer de cap ». Et comme l’écrit le philosophe Charles Pépin, auteur de La Confiance en soi (Éd. Allary) : « Celui qui a confiance en lui et en la vie, c’est celui qui accepte l’imprévu, jusqu’à l’aimer. » On peut déjà essayer.

JE BOOSTE MA MÉMOIRE émotionnel­le

Quand vous rentrez de vacances, ne vous jetez pas tête la première dans le grand bain du quotidien. Les émotions positives liées à ces parenthèse­s généraleme­nt heureuses sont source d’énergie. Pour les réactiver, on s’aménage une période de transition. On s’accorde un week

end à la maison avant de retourner au travail pour repenser aux moments de joie et de conviviali­té. On prend le temps de savourer ces souvenirs pour y puiser le meilleur : un sentiment de sérénité. Les études le montrent : plus la mémoire en est imprégnée, plus ce ressenti perdure dans le temps. C’est ce qui s’appelle capitalise­r sur ses acquis !

JE BOOKE UN APÉRO par semaine

Les gens les plus heureux sont ceux qui ont une vie sociale riche. C’est encore Martin Seligman qui le dit ! Donc, on planifie (au moins) un apéro par semaine entre amis. Avec interdicti­on de décommande­r ! Que les sceptiques et les végans se rassurent : le facteur-clé, qui aide à lutter contre le stress, n’est pas l’alcool mais le fun. Rire, s’amuser. Et redonner de l’importance aux moments pour soi, d’où l’idée de les traiter comme des dossiers prioritair­es, sans culpabilis­er, au même titre que la manucure, les cours de qi gong, les dîners en amoureux, les virées chez Zara… Et peu à peu, les semaines commencent à prendre un autre visage.

JE ME VISUALISE heureuse au bureau…

Comme une sportive de haut niveau. On essaie de se poser dans un endroit calme, on ferme les yeux et on s’imagine au bureau. « Et là, on se visualise souriante, ressourcée, pleine d’énergie et de projets, précise la coach Latifa Gallo. On laisse venir à soi cette image et les sensations qui y sont liées, et on renouvelle l’expérience régulièrem­ent. Très utilisée en sophrologi­e, cette pratique amène des résultats impression­nants. Ainsi, des expérience­s ont été menées sur un pianiste ayant une main dans le plâtre. Alors qu’il ne pouvait plus pratiquer, il se visualisai­t en train de jouer. Son plâtre retiré, sa main a été opérationn­elle deux fois plus vite que la moyenne. »

… ET UTILE au travail

Pour Martin Seligman, il est essentiel d’« injecter » du sens dans son existence pour se sentir épanoui. Avant de réintégrer son travail, on prend donc le temps d’analyser les éléments qui contribuen­t à nous rendre utile au bureau, et à la société. Cela va du simple fait de savoir que l’on va soulager les gens de tâches qu’ils ont dû assumer pendant notre absence, à un engagement dans une fondation d’entreprise, en passant par le sentiment que l’on apporte aux équipes de la créativité, de l’énergie. À chacune de trouver le bon curseur.

J’ADOPTE la méthode GTD

Parmi les bonnes résolution­s prônées par le positive thinking : un agenda organisé. On prévoit ainsi un jour sans réunion pour lire ses e-mails, ses courriers. On définit aussi ses vraies urgences, en adoptant, par exemple, la méthode GTD, Getting Things Done, une façon de réaliser les tâches sans stress, modélisée par David Allen dans son livre S’organiser pour réussir (Leduc.S Éditions, 2015).

Avant de se plonger dans la lecture de ce best-seller, on adopte un geste simple : lister les choses à faire quotidienn­ement en 4 colonnes, en fonction de leur priorité : urgent, pas urgent, important, pas important. On se focalise alors sur les objectifs essentiels et on anticipe sereinemen­t les autres – voire, on les délègue carrément. On remet la liste à jour régulièrem­ent. Une façon concrète d’évaluer sa charge de travail au lieu de la fantasmer en hyperventi­lant.

JE M’INTÉRESSE aux autres

En psychologi­e positive, l’autre est essentiel. On prend donc le temps de (re)parler avec ses collègues. Et pas forcément de soi ! Devant la machine à café, on demande des nouvelles. On tisse du lien. On en profite même pour faire des compliment­s car, comme l’explique la coach Latifa Gallo, « l’altruisme rend heureux. L’effet sur le cerveau est le même que lorsqu’on sourit : il fabrique des endorphine­s et nous redonne le sourire. »

J’ARRÊTE DE MINIMISER mes succès

Selon Shawn Achor, notre société nous dicte certaines attitudes qui vont à l’encontre du fonctionne­ment de notre cerveau. Des bonnes notes ? Il nous en faut encore de meilleures. Un job formidable ? Il nous faut une fonction supérieure. L’environnem­ent nous pousse à remettre en cause nos « performanc­es ». Or, cette attitude nuit à l’efficacité et à la créativité. Les études menées par Shawn Achor ont ainsi montré qu’un cerveau qui fonctionne en mode positif est 31 % plus productif que celui maintenu en mode négatif. On a donc tout à gagner à s’autofélici­ter. Et si, comme le conseille Latifa Gallo, on se lançait un « Trop forte ! » à chaque petit succès quotidien ? On peut même aller jusqu’à s’offrir un cadeau pour autocélébr­er un challenge relevé haut la main. Pas de hiérarchie, chaque réussite, chaque effort mérite une autoreconn­aissance. Pas de doute, il y a chaque jour, une excellente occasion de se murmurer « Bravo moi ! » (à défaut de s’offrir un sac Prada !).

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France