Madame Figaro

« Balance ton surmoi »,

- par Morgane Miel

tu connais ma devise : “Aide-toi et le ciel t’aidera” », m’oppose ma mère quand je lui demande, cet été, pourquoi elle accepte si peu de se faire aider. Sa réponse me scotche. J’avais oublié cette phrase qui pourtant a bercé mon enfance – et la sienne. Je comprends mieux pourquoi, depuis quarante ans, je suis secrètemen­t convaincue, comme elle, que les choses ne sont jamais mieux faites que lorsque je m’y colle… On ne se libère pas de siècles de conditionn­ement sur un claquement de doigts ! J’ai pourtant changé d’avis récemment, quand mon mari, mon meilleur allié dans ma quête d’allègement (et réciproque­ment, pardon pour cette thérapie familiale), m’a lancé : « La différence entre un bon et un mauvais manager, c’est sa capacité à recruter une équipe compétente, à la former et à lui déléguer les dossiers même les plus importants. » Second choc. Même les plus importants, seriously ? « Surtout eux, sinon comment veux-tu dégager du temps pour te concentrer sur la stratégie ? » Bah oui quoi, c’est vrai ! Je devais être trop débordée (C.Q.F.D.), je n’y avais pas pensé. Dans ma tête s’opère une révolution copernicie­nne. Un saut neuronal quantique. Les données s’alignent, l’équation se résout. Si pour les femmes, décrocher le poste de leur rêve sans renoncer à une vie personnell­e « épanouie » équivaut encore trop souvent à une double peine (ou double charge mentale – un bonheur…), c’est parce qu’elles ont oublié un point crucial dans leur progressio­n : apprendre à demander de l’aide. À mieux s’entourer. À se décharger. On nous l’avait caché : le superpouvo­ir n’est pas de réussir à tout faire. C’est de créer les meilleures conditions pour que s’expriment et nous enveloppen­t le talent et l’expertise des autres, que nous porte la force de l’intelligen­ce collective. Et que cette nouvelle écologie du comporteme­nt nous emmène avec elle, nous défatigue et permette à tous – nos équipes comme nous-mêmes – de « durer » plus longtemps. C’est ce que nous vous proposons dans ce numéro : un guide positif du passage de relais. Parce que réussir seul aujourd’hui, poursuivan­t sa route comme un cheval de feu, n’est plus possible ni souhaitabl­e. Et parce que réussir ensemble, osons le mot : c’est tellement plus chouette…

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