Phénomène d’édition
PREMIÈRE FEMME À DIRIGER LES ÉDITIONS FAYARD, ELLE A DÉCROCHÉ LES DROITS FRANÇAIS DU LIVRE DE MICHELLE OBAMA.
« Recevoir. Célébrer. Transmettre. » Emmanuel Levinas
Une heure de réveil ? 7 heures, avec Les Matins de France Culture de Guillaume Erner. S’il faut remonter
à l’origine ?
J’ai grandi entourée de livres, littéralement (ses parents sont l’écrivain François de Closets et la critique littéraire Janick Jossin, NDLR). J’adorais cet univers, mais je ne voulais pas être un cliché bourdieusien de reproduction socioculturelle. Après mes études à l’École normale supérieure de SaintCloud, j’ai passé l’agrégation d’histoire pour enseigner et faire de la recherche.
Un moment décisif ?
Un stage chez Grasset, à 25 ans. Dès la porte franchie, je veux rester. Un an après, je décroche, chez Fayard, le poste d’assistante du vice-PDG d’alors, Olivier Bétourné.
Vos accélérateurs de parcours ?
M’être formée à toutes les activités : le travail avec les auteurs, le marketing, la communication, le juridique…
Qui vous a fait confiance ?
Claude Durand, qui a dirigé Fayard durant près de quarante ans, et Olivier Nora, PDG de Grasset, qui a pris sa suite en 2009.
Un changement de cap ?
Quand Arnaud Nourry, patron d’Hachette, la maison mère de Fayard, m’a proposé d’en prendre la direction en 2013. J’ai d’abord douté : directrice éditoriale depuis six mois, je venais d’accoucher. Il a cru en moi plus que moi-même.
Le pitch de votre poste ?
PDG de Fayard, je veille à ce que cette maison soit la plus accueillante et performante pour les auteurs. J’essaie de hiérarchiser entre ce qui est urgent, et ce qui l’est moins : faire dix réunions productives mais ne pas rappeler un auteur, c’est se détourner de notre vocation. Géomètre et saltimbanque, j’édite encore certains auteurs, je conçois la stratégie et j’anime une équipe formidable.
Des résultats ici et maintenant ?
Plus de deux cents livres par an, 27 millions d’euros de chiffre d’affaires, 40 salariés. L’une de mes grandes fiertés récentes : les mémoires d’Edgar Morin * et le second volet du journal intime de Jane Birkin **.
Vos prochains défis ?
Déclencher et entretenir le désir de lecture quand les canaux de prescription se diversifient mais qu’aucun n’est décisif, et que les ventes se polarisent sur quelques titres. D’où le rôle essentiel des libraires. Notre défi est aussi de contrer ce phénomène du temps ressenti : les gens pensent ne pas avoir trois heures pour lire un livre mais en consacrent douze à regarder une saison de La Casa de Papel…
Une digital addiction ?
Instagram. C’est fou, ce que les gens postent parfois !
Un moment off ?
Dix centimètres sous l’eau : je nage souvent, tard le soir.
La main amie qui vous remet en forme ?
Mes mains, quand je cuisine pour ceux que j’aime.
Votre définition de l’influence ?
Je n’aime pas beaucoup ce mot ambigu, il m’évoque l’influenza, la « grippe », en italien.
* « Les souvenirs viennent à ma rencontre ». ** « Post Scriptum ».