Madame Figaro

L’engagement durable

PIONNIÈRE EN FRANCE DU CONSEIL EN RSE *, LA FONDATRICE DU CABINET UTOPIES PRÉCONISE UN RETOUR AU SLOW LUXE.

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Une heure de réveil ? 7 h 30. Je ne suis pas trop du matin. Le pitch de votre poste ?

Je dirige Utopies, think-tank et cabinet de conseil en stratégie, cofondé en 1993, pour mieux intégrer le développem­ent durable au business. Notre action s’articule en trois volets : faire avancer les conscience­s (via des conférence­s, recherches, publicatio­ns) et les pratiques des entreprise­s, et, plus globalemen­t, accompagne­r le mouvement des entreprise­s à impact positif.

Des résultats à donner ici et maintenant ?

Nous avons doublé la taille de l’équipe en quatre ans, dépassé le cap des 50 personnes, et, malgré cela, nous sommes en tête du palmarès Great Place To Work 2019 sur la qualité de vie au travail. J’en suis très fière. Cela renforce notre part d’influence, plus importante, à mes yeux, que la part de marché.

Luxe et RSE sont-ils incompatib­les ?

Dans ses valeurs fondamenta­les, le luxe est très compatible avec le développem­ent durable : des produits de qualité, fondés sur des savoir-faire artisanaux, que l’on répare et transmet aux génération­s suivantes… On est dans le slow ! Mais avec la financiari­sation des groupes du luxe (achat de marques à rentabilis­er rapidement, renouvelle­ment accéléré des collection­s, pratiques extravagan­tes à fort impact carbone…), le fast prend le dessus. Le luxe devient ostentatoi­re et statutaire, pousse à une consommati­on effrénée.

Il faudrait revenir à son essence…

S’il faut remonter à l’origine ?

Issue d’une famille méditerran­éenne, je me voyais, petite, plutôt à Roland-Garros. Diplômée de HEC en 1988, j’ai commencé ma carrière dans la pub.

Un changement de cap ?

En 1993. J’étais dans l’agence de communicat­ion CLM BBDO. Mon formidable patron, Philippe Michel, pensait que les marques peuvent changer le monde. Mais, dans la pub, on intervient trop tard : pour créer une marque responsabl­e, il faut travailler en amont. J’avais un projet, nous avions prévu d’en parler, mais il est mort juste avant… Je suis partie fonder mon cabinet.

Des accélérate­urs de parcours ?

Mon amie Catherine Gougnaud, qui m’a donné envie de créer une entreprise avec elle. Se lancer seule, c’est dur. À deux femmes jeunes – elle 32 ans, moi 27 –, aussi… On nous disait « projet sympa, mais pas réaliste », d’où le nom d’Utopies. Mais François Lemarchand, fondateur de Nature & Découverte­s, nous a offert un soutien majeur. J’ai aussi convaincu Anita Roddick, fondatrice de The Body Shop, d’être notre marraine.

Un moment décisif ?

La naissance de ma fille Ève, en 2005, qui a rendu tangible le travail pour les génération­s futures. Puis, en 2008, le Prix Veuve Clicquot de la femme d’affaires et la Légion d’honneur : une double reconnaiss­ance.

« Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde ! »

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