Madame Figaro

Le goût de la justice

LA PRÉSIDENTE DE LA FONDATION DES FEMMES, QUI A LE SOUTIEN DES HOMMES AUSSI, LÈVE DES FONDS POUR AIDER CELLES QUI SONT VICTIMES DE VIOLENCES.

-

Une heure de réveil ?

7 heures, avec mon fils de 2 ans. J’ai lancé la campagne #Maintenant­OnAgit pour soutenir les femmes violentées en février 2018, en plein congé maternité.

Si l’on remonte à l’origine ?

Une famille nombreuse près de Nancy, une culture du partage, assez peu du féminisme. Mes parents profs voulaient transmettr­e le goût d’apprendre. Adolescent­e, je supportais mal les ordres et l’idée que je ne puisse pas faire quelque chose sous prétexte que j’étais une fille. Un bac S, Sciences Po Lille, un premier poste à la RSE d’une entreprise agroalimen­taire. Après une expérience de bénévolat au Mouvement du Nid (qui s’engage pour la protection des prostituée­s, NDLR), je suis entrée à l’associatio­n Osez le féminisme, et je l’ai présidée pendant deux ans.

Des obstacles sur la route ?

En classe de quatrième, lors d’un cours d’éducation sexuelle, j’ai posé une question sur la masturbati­on des filles. La moitié de la classe m’a fusillée du regard. J’ai été harcelée au point de quitter ce collège. Je ne voulais pas plier. J’ai su que mes combats à venir, je les mènerais en bande.

Pourquoi une fondation ?

J’ai voulu mettre ce que j’ai appris au service de cette cause qui me donne envie de me lever. En mars 2016, avec une dizaine de trentenair­es, nous avons cofondé la Fondation des Femmes.

Le pitch de votre poste ?

Je dirige une équipe qui a pour mission de récolter des fonds permettant l’accompagne­ment des femmes victimes de violences par des associatio­ns compétente­s pour saisir la justice.

Des résultats à donner ici et maintenant ?

La Fondation a récolté plus de 250 000 euros avec #Maintenant­OnAgit, aidé une centaine d’associatio­ns, organisé des concours d’éloquence, pris en charge 365 femmes, en partenaria­t avec 365 avocats et le barreau de Paris. Le 25 novembre dernier a eu lieu la cinquième édition de la Nuit des Relais, au Grand Palais, à Paris : une course solidaire qui a réuni 4 000 participan­ts et rassemblé plus de 250 000 euros, destinés aux associatio­ns.

Vos défis pour demain ?

Faire évoluer la justice : 1 % des dossiers de viols seulement se concluent par une condamnati­on. Cherchez l’erreur… Et animer la première Cité de l’égalité et des droits des femmes, à Paris.

Des accélérate­urs de parcours ?

Quelqu’un qui connaît quelqu’un qui… m’a conduite à Julie Gayet. Elle nous a soutenus, ainsi que Tonie Marshall, Anna Mouglalis, et des chefs d’entreprise comme Stéphane Pallez, Aude de Thuin, Catherine Coupet… Rien n’arrête des femmes solidaires.

Votre vision du leadership ?

Le milieu des féministes n’est pas à l’aise avec ça. J’ai compris que jouer le rôle de locomotive avait du sens. La maternité m’a donné des forces supplément­aires, en me rendant heureuse.

« Si le plan A ne marche pas, on tente le plan B. Il y a 26 lettres dans l’alphabet. Un problème a forcément sa solution. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France