Madame Figaro

Décryptage : changer le monde de l’intérieur.

L’innovation n’est pas l’apanage des start-up. De plus en plus de salariés portent un projet personnel novateur grâce au soutien de leur groupe. Engie, Danone et BNP Paribas ont récemment réuni leurs intraprene­urs, et fait circuler les énergies positives.

- PAR VIVIANE CHOCAS

Trouver du sens à ses journées, façonner son quotidien profession­nel, inventer son tempo… Autant de mantras qui, à en croire la sociologie contempora­ine, agitent aujourd’hui les millennial­s : ils n’entendent plus faire carrière comme leurs aînés. Or, ces aînés, eux aussi, sont de plus en plus nombreux à chercher, au cap des 40-50 ans, à gagner en indépendan­ce et à élargir le champ des possibles. C’est sans doute pour ces raisons que l’intraprene­uriat a le vent en poupe. Le mot, pas très gracieux, ambitionne de casser les codes, les cases, les hiérarchie­s, pas moins. Il signifie la possibilit­é, quand on est salarié d’une entreprise, d’un grand groupe, de monter depuis l’intérieur un projet plus personnel, avec le soutien de sa structure, quelques collègues souvent, de vrais moyens parfois. Le concept, apparu au milieu des années 1970, séduit de plus en plus d’entreprise­s qui ne peuvent plus rester sourdes aux attentes sociales et environnem­entales du grand public : elles voient soudain dans le soutien à des projets originaux venus de leurs salariés le moyen de conserver des cerveaux inventifs, comme de partager plus globalemen­t des énergies positives. L’innovation n’est pas le privilège des start-up, voilà le message que les grands groupes entendent aujourd’hui faire passer.

Et comme on avance souvent mieux à plusieurs, Engie, Danone et BNP Paribas se sont alliés pour réunir à Paris, juste avant Noël, leurs intraprene­urs, et ainsi créer une coalition positive. Ces vingt femmes et hommes ont

joué le jeu, qui consistait à « pitcher » leurs projets devant leurs trois CEO, respective­ment Isabelle Kocher, Emmanuel Faber et Jean-Laurent Bonnafé. Le point commun ? L’envie d’agir, d’être utile et un peu plus libre aussi. Nature couplée à l’intelligen­ce artificiel­le, soutien aux parents âgés, partage de locaux et de compétence­s, carnet d’adresses pour les jeunes des quartiers prioritair­es ou boissons aux plantes favorisant la biodiversi­té… De tous ces projets, l’enjeu sera de bâtir un business model, combinant impact et croissance. Isabelle Kocher (Engie) a salué « une émulation qui donne du sens à nos vies », Emmanuel Faber (Danone), « une source de réengageme­nt », Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), « des innovation­s qui donnent les moyens de rebondir ». L’étape d’après ? À écouter ces intraprene­urs, on sent que la bonne idée permettra à certains de rester dans le groupe avec plus de moyens à dispositio­n, à d’autres, de voler bientôt de leurs propres ailes. En diffusant, quelle que soit leur route, un condensé d’énergies.

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/ PHOTOS LOUIS TERAN Au centre, de gauche à droite, les trois CEO : Emmanuel Faber (Danone), Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), Isabelle Kocher (Engie), et leurs intraprene­urs.

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