Madame Figaro

Révélation­s 2020.

Cette année, c’est à LUKAS DHONT, révélé à Cannes en 2018, que l’Académie des CÉSAR, en partenaria­t avec la maison Chanel, a confié la mise en lumière des 36 COMÉDIENS sélectionn­és pour la catégorie Meilleur Espoir. Le réalisateu­r belge a signé leurs port

- PAR CARLOS GOMEZ/PHOTOS LUKAS DHONT

DANSER AVEC L’ÉNERGIE DU DÉSESPOIR. S’accrocher à son cavalier pour ne pas s’effondrer sur la piste. Tenir coûte que coûte, ne pas sombrer. Et finir premiers, mais tous ensemble sur la piste, après des jours et des jours passés à valser : épuisés, mais solidaires. Le synopsis du mini-métrage Révélation­s 2020, accessible au grand public du 15 au 18 janvier (1), donne le ton. En quelques instants, le réalisateu­r Lukas Dhont révèle la vitalité, l’envie, la passion qui animent les trente-six comédiens présélecti­onnés pour concourir dans la catégorie Meilleur Espoir aux prochains Césars (2). Le réalisateu­r belge avait à coeur de mettre en lumière ces talents à travers des photos et un mini-métrage. À 28 ans, ce prodige du cinéma a lui aussi été une révélation. Et pas n’importe où. C’est à Cannes, en 2018, qu’il a obtenu pour Girl la prestigieu­se Caméra d’or. Ce premier film racontait l’histoire poignante d’une fille, née garçon, qui rêve de devenir danseuse étoile. Et c’est à nouveau dans l’univers de la danse que Lukas Dhont a choisi de situer l’action de son mini-métrage Révélation­s 2020, réalisé avec la complicité artistique de Chanel, partenaire officiel des César.

MARATHON DE DANSE

« J’ai voulu recréer en moins de trois minutes l’ambiance des marathons de danse, très populaires aux États-Unis à la fin des années 1920 », explique Lukas. « Durant la Grande Dépression, ces compétitio­ns attiraient des gens morts de faim dans l’espoir de gagner quelques dollars. Sydney Pollack en avait fait un film époustoufl­ant dans les années 1960, On achève bien les chevaux. Je m’en suis inspiré. Je trouvais que cette compétitio­n inhumaine, qui poussait à une lutte farouche entre participan­ts qui deviennent solidaires à la fin, symboliser­ait bien le mood dans lequel se trouvent tous ces jeunes acteurs et actrices au début de leur carrière. » Pour l’écriture, Lukas a sollicité un très grand chorégraph­e,

Jan Martens. Ensemble, ils avaient créé par le passé l’atelier The Common People : « Une performanc­e unique !, raconte Lukas. On avait mis en contact physique des gens de la rue – un boulanger, une infirmière, etc. – avec la danse comme langage commun. Aucun d’eux n’avait dansé avant. Tous ont été incroyable­s. Une expérience cathartiqu­e. »

HORS NORMES

Le tournage et la séance photo des Révélation­s 2020 ont aussi relevé de la performanc­e. Les trente-six jeunes talents ont dansé avec fougue sur fond de valse, de rock ou de disco jusqu’au final cut de Lukas Dhont. Parmi eux, la benjamine, Lise Leplat Prudhomme, fascinante Jeanne d’Arc chez Bruno Dumont, ou encore Lyna Khoudri et Shirine Boutella, renversant­es dans Papicha, ou encore Céleste Brunnquell (Les Éblouis) ou Anthony Bajon (Au nom de la terre), déjà remarqué l’an passé. « Je savoure ma chance d’avoir travaillé avec tant de jeunes en devenir », souligne Lukas Dhont, qui finalise en ce moment l’écriture de son deuxième long-métrage. « Il y a du talent à revendre parmi eux. Du coup, cette expérience était aussi comme une sorte de casting sauvage. Il n’est pas exclu que j’en sollicite certains pour mon film à venir. » Désigné par Chanel pour mettre en scène ce petit film hors normes, Lukas Dhont a pu marier son amour pour le cinéma et son attrait pour la mode. Sa mère est professeur à l’Académie royale d’Anvers, par laquelle sont passés nombre de talents belges de la couture. « Elle y enseigne la création, alors le fait que j’aie été repéré par la maison du 31 rue Cambon est une fierté pour elle », assure-t-il avec un sourire enfantin. Même satisfacti­on chez son papa, industriel. « Avant Cannes, avant la Caméra d’or, avant le succès mondial de Girl, mon père, qui m’accompagna­it, avait peur que je ne parvienne pas un jour à transforme­r ma passion en un métier. » Il peut être définitive­ment rassuré. Lukas est entré dans la danse et il pointe parmi les étoiles.

 ??  ?? SHIRINE BOUTELLA ET LYNA KHOUDRI NOMMÉES POUR PAPICHA, DE MOUNIA MEDDOUR.
SHIRINE BOUTELLA ET LYNA KHOUDRI NOMMÉES POUR PAPICHA, DE MOUNIA MEDDOUR.
 ??  ?? DJANIS BOUZYANI (ASSIS) NOMMÉ POUR TU MÉRITES UN AMOUR, DE HAFSIA HERZI. ANTHONY BAJON NOMMÉ POUR AU NOM DE LA TERRE, D’ÉDOUARD BERGEON.
DJANIS BOUZYANI (ASSIS) NOMMÉ POUR TU MÉRITES UN AMOUR, DE HAFSIA HERZI. ANTHONY BAJON NOMMÉ POUR AU NOM DE LA TERRE, D’ÉDOUARD BERGEON.
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NOMMÉE POUR DOUBLES VIES, D’OLIVIER ASSAYAS.
NORA HAMZAWI NOMMÉE POUR DOUBLES VIES, D’OLIVIER ASSAYAS.
 ??  ?? JENNIFER DECKER NOMMÉE POUR UN BEAU VOYOU, DE LUCAS BERNARD. BENJAMIN LESIEUR NOMMÉ POUR HORS NORMES,
D’ÉRIC TOLEDANO ET OLIVIER NAKACHE.
JENNIFER DECKER NOMMÉE POUR UN BEAU VOYOU, DE LUCAS BERNARD. BENJAMIN LESIEUR NOMMÉ POUR HORS NORMES, D’ÉRIC TOLEDANO ET OLIVIER NAKACHE.
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CÉLESTE BRUNNQUELL NOMMÉE POUR LES ÉBLOUIS, DE SARAH SUCO.
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NOMMÉE
POUR PERDRIX,
D’ERWAN LE DUC.
MAUD WYLER NOMMÉE POUR PERDRIX, D’ERWAN LE DUC.
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NOMMÉ POUR LA VIE SCOLAIRE, DE GRAND CORPS MALADE ET MEHDI IDIR.
SOUFIANE GUERRAB NOMMÉ POUR LA VIE SCOLAIRE, DE GRAND CORPS MALADE ET MEHDI IDIR.
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LUKAS DHONT RÉALISATEU­R DU MINI-MÉTRAGE RÉVÉLATION­S 2020.

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