Événement : Jean Paul Gaultier, cinquante ans de liberté.
C’était le dernier défilé de Jean Paul Gaultier. À 67 ans, le couturier se retire des podiums. Une page est tournée : l’ère de ceux qu’on appelait les « créateurs » – qui révolutionnèrent les années 1980 – est révolue. Ce 22 janvier, pour tirer un trait sur cinquante années de succès et de popularité, il avait choisi le Théâtre du Châtelet, à Paris, et un ultime défilé, éblouissant, qui s’apparentait à une revue de music-hall, un passage de deux cent cinquante looks inspirés de ses modèles les plus célèbres, soit un feu d’artifice de gaieté, de fantaisie et de créativité foisonnante.
Sur scène, des guest stars qui ont accompagné sa carrière (Mylène Farmer, Béatrice Dalle et Catherine Ringer), les top-modèles du moment (les soeurs Hadid, Irina Shayk), mais surtout la démonstration de force de son style si français, l’élégance, la virtuosité, la transgression.
Si elle commençait par un clin d’oeil macabre (un cercueil noir : la mode est morte, vive la mode ?), la cérémonie n’avait rien de funèbre : chez Gaultier, la nostalgie est légère, joyeuse, tonique. L’occasion de rappeler aussi que, avant tout le monde et sans jamais en faire un étendard militant, il a popularisé la diversité au sens large, celle des corps et des genres, dans un grand mix bienveillant. Un homme libre, en somme. Dans une époque qui, mine de rien, plébiscite le retour à l’ordre et ranime la censure, l’inventaire festif du demi-siècle de mode Gaultier a valeur d’exemple. Comment se passer de lui ?