ÉDITO/« Profondeur de champs», par Valery de Buchet.11/Pause philo, par Philippe Nassif.

Pourquoi un film résonne-t-il dans l’inconscient collectif ? Comment parle-t-il à nos silences et à nos peurs ? Comment s’empare-t-il de nos coeurs et de nos sentiments ? Parfois, à travers une histoire contée sans effets spéciaux, avec une vérité sobre et émouvante, qui montre la vie telle qu’elle se passe, avec ses misères, ses joies et ses drames. C’est rugueux, tendre, tragique, c’est universel. Poignant et déroutant. Surtout quand on comprend qu’il s’agit de la vraie vie. Pas loin. À côté de nous. Et, en ce moment, elle se passe souvent dans les champs car depuis quelque temps, crise aidant, le monde rural et agricole envahit nos écrans. Les paysages sont magnifiques, les images font rêver, mais le quotidien s’avère terrible. C’est pourtant le plus souvent une histoire de passion et de labeur mêlés. Des entrelacs d’espoir, de tendresse et d’énergie. Alors, quand la caméra s’attarde, on bascule. Après le film Les Vétos venu en janvier, voici dans quelques jours la sortie du documentaire Cyrille agriculteur,

30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes. Des envies gâchées, des larmes sans cri. Tout n’est pas gai au royaume d’Idéale. Cette charolaise de six ans, égérie du Salon de l’agriculture, sera déjà dans son enclos VIP porte de Versailles. On ne la verra pas aux Césars, où, trois ans après le succès de Petit Paysan (trois trophées), inspiré d’une histoire vraie là aussi, Au nom de la terre est doublement attendu. Porté par Guillaume Canet, transformé sur la pellicule en quasi-sosie du père défunt du réalisateur Édouard Bergeon, le long-métrage retrace une descente aux enfers avec un réalisme tenace. Trophées ou non, la profession n’en fera pas des

tonnes. Deux millions d’entrées, c’est déjà une belle reconnaissance. Sans le cinéma, parfois la vie ne tient plus qu’à un fil.