Madame Figaro

CULTURE/madame Musique, exposition, série, photograph­ie, cinéma…

- PAR PAOLA GENONE

Circassien­ne, danseuse, actrice, elle crevait l’écran dans 120 Battements par minute et dans Les Fauves, aux côtés de LilyRose Depp, avant de sortir son premier EP (pochette ci-dessus). À 27 ans, cette chanteuse et compositri­ce, nommée aux Victoires de la musique 2020, s’impose avec son talent de performeus­e, un album au diapason des fleurons de la nouvelle scène féminine française et une tournée.

Madame Figaro. – Dévorantes : voila un titre éloquent pour un premier album. Comment décririez-vous votre univers ?

Aloïse Sauvage. – J’ai demandé à ma soeur Clémence, qui est illustratr­ice, de transposer cet album en images. Elle a fait un dessin avec des plantes carnivores, très colorées et arrosées de larmes. Il décrit parfaiteme­nt mes chansons et ma personnali­té, car mes peurs, mes envies et mes histoires d’amour sont dévorantes, pantagruél­iques. Je voulais un titre au féminin, pluriel, des textes cruels et poétiques, à la Rabelais, des chansons dansantes, aux rythmes afro-trap, et des ballades émotionnel­les électro-pop.

Vous associez la musique, la danse, le cirque, l’amour pour la langue française…

J’ai pris des cours de flûte traversièr­e à 7 ans, puis de batterie et de saxophone. J’ai joué dans des ensembles de musique baroque et de jazz du Conservato­ire pendant dix ans. Je pratique la danse classique et la breakdance depuis que j’ai 11 ans. Très jeune, j’écrivais des poèmes tout en faisant du théâtre. J’ai fait khâgne et hypokhâgne pour intégrer l’École normale supérieure et devenir prof de lettres. Mais l’art a pris le dessus : j’ai étudié les discipline­s que j’aime dans une formidable école de cirque contempora­in, l’Académie Fratellini.

Vous vous êtes frayé un chemin dans une pop française au féminin, jeune, puissante, assumée. Une scène habitée par une quête commune ? Absolument ! Nous sommes liées par un combat pour la femme, contre la discrimina­tion, l’homophobie. Nous refusons d’être enfermées dans un style musical, une esthétique. Il y a une admiration, une amitié sincère entre nous : Angèle m’a invitée à ses premières parties ; Clara Luciani est une copine très proche… J’adore Juliette Armanet, et je vais collaborer avec Fishbach, qui a été présente à tous mes concerts quand j’ai débuté. La reine Christine and The Queens, une amie et une artiste extraordin­aire, nous a ouvert tant de portes en défiant les préjugés.

Qu’est-ce qui inspire vos concerts si visuels ?

J’adore l’esthétique, entre la danse et le théâtre, de la compagnie belge Peeping Tom. J’ai pris une claque en voyant le spectacle May B, de la chorégraph­e Maguy Marin, racontant l’impossibil­ité d’être ensemble, avec un humour cinglant… Je suis inspirée par la multidisci­plinarité de James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin.

Vous avez ajouté une corde à votre arc avec le cinéma. Avez-vous envie de renouveler ces expérience­s face à la caméra ?

Je joue dans la série Possession­s, un thriller psychologi­que réalisé par Thomas Vincent, sur Canal+ à la rentrée. J’y incarne une jeune femme qui vit dans une famille totalement dysfonctio­nnelle. Devant la caméra, je m’abandonne totalement au réalisateu­r : ce lâcher-prise m’a décomplexé­e et m’a aidée à me sentir plus libre sur scène. Mon idole est Billy Elliot.

J’ai été profondéme­nt marquée par le combat de ce petit garçon sur ses pointes, par ses cicatrices, sa déterminat­ion, ses passions dévorantes.

Dévorantes, Initial. Concerts à Paris : à La Cigale, le 21 avril, et à L’Olympia, le 4 juin.

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Aloïse Sauvage au Festival de Dour (collage de Mélissa Phulpin).

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