BULLES de liberté
LE SUSPENSE D’UN POLAR, LA RICHESSE D’UN CONTE INITIATIQUE, UNE RELECTURE DE L’HISTOIRE DE L’ART… NOTRE SÉLECTION D’ALBUMS 100 % ÉVASION.
Quelle BD lire en ces temps de confinement ? Mais où est Kiki ?, de Blutch et Robber, devrait plaire aux ados comme à leurs parents : modernisant les fameux Tif et Tondu, celui qui a obtenu le Grand Prix d’Angoulême en 2009 et son frère scénariste en ont fait des « justiromanciers » des années 1980. Soit des détectives, qui après avoir coincé un antiquaire véreux, tirent un roman de leur enquête (roman bel et bien publié par Robber chez Dupuis !) et se voient embringués dans un double mystère, où ils affrontent criminels, gangs et kidnappeurs, tout au long d’un polar vibrionnant.
Dans un tout autre genre, Aldobrando, de Critone et Gipi, devrait aussi remporter tous les suffrages : entre conte et récit initiatique, les auteurs déroulent, dans un Moyen Âge imaginaire, les aventures d’un candide orphelin parti à la recherche de « l’herbe du loup » pour soigner son maître blessé. Au programme : roi corrompu, douce princesse et combats dans la fosse dans un royaume qui ne reconnaît que la loi du sang… Un très bel album où tout, du dessin aux couleurs en passant par le scénario, s’avère remarquable de réalisme et de poésie. Enfin, pour les parents plus que pour les enfants, l’hilarant Thérapie de groupe, de Manu Larcenet, nous plonge dans les affres de la création. Décrivant le combat contre la page blanche de Jean-Eudes de Cageot-Goujon, auteur de BD bipolaire sur le déclin, l’auteur de Retour
à la terre revisite l’histoire de l’art – son (anti)héros méditant sur la peinture pariétale quand il n’échange pas avec Cézanne entre deux orgies médicamenteuses psychédéliques – dans un ouvrage tout en autodérision, où l’humour n’exclut nullement la profondeur.