UNE BELLE rencontre
Antoine a 18 ans et, passif, ne fait rien de son existence. Quelque chose le ronge. Leila, qui a un garçon de 3 ans, est mariée à un homme violent. Ils se rencontrent à Pôle Emploi au fond d’une banlieue parisienne anonyme, et le destin s’enflamme aussitôt : il les mènera au bord de l’abîme mais aussi vers une renaissance fabuleuse. Les hommes doux existent, il n’y a pas que des brutes : le monde change, les femmes sont peut-être en train d’apprendre à moins se tromper… L’auteur en tout cas nous en donne l’espoir, avec ce roman unissant polar, et cavale, qui se lit d’un trait, telle une goulée d’air iodé. I. P.
Il y a des écrivains dont on aimerait devenir l’ami. On les lit, on entend leur voix nous accompagner, elle est à la fois familière, solaire et profonde. On irait à la plage avec eux, puis on discuterait de littérature, on ne serait pas toujours d’accord : est-ce que tu penses toi qu’il y a une écriture masculine, vous demande-t-elle tout de suite, sans précaution. Je lui répondrais que je ne suis pas d’accord, puis elle, car cette auteure est une femme (c’est Cristina Comencini, ou plutôt sa narratrice, mais vous l’avez oublié), vous confie qu’elle vient de quitter son mari après vingt-cinq ans. Vous n’en revenez pas. Vous avez un pincement au coeur, vous l’écoutez, mais ne pouvez vous empêcher de donner votre avis. Tu en es certaine que c’est une bonne idée ? (Le tutoiement est une évidence). Elle a la soixantaine, un peu plus âgée que vous, et vous la pensiez plus sage : ça vous amuse que non, en fait cela vous rend heureuse, que l’âge n’apporte aucune résignation. Vous vivez à Milan désormais, et faites la connaissance de son ex-mari, puis d’un autre couple : eux aussi viennent de se séparer. C’est lui qui a quitté sa femme, il s’ennuyait, et pourtant, ce n’est pas un salaud, il est juste à peine ridicule qu’il invite à dîner une collaboratrice. Vous aimez ces deux femmes, ces deux hommes, vous regrettez de ne pas les avoir rencontrés plus tôt, alors qu’ils étaient ensemble. Ils se connaissent depuis si longtemps, mais vous finissez par comprendre pourquoi, à cet âge, 60 ans, et après tant d’années, rien n’est simple, car forcément il y a un secret.
Les choses auraient pu être différentes, la chance, la malchance, vous ne savez pas.
Après, vous soudoyez l’attachée de presse de Cristina Comencini,
Vanessa Retireau, qui est aussi la vôtre, pour qu’elle vous la présente, mais, il n’est pas prévu qu’elle vienne en France. Ses huit romans, heureusement, ont été traduits : elle ne va pas vous abandonner, vous en êtes certaine, c’est le genre d’amie fidèle.