Madame Figaro

Angèle, le manifeste du succès.

ELLE BALANCE TON QUOI ET MET LE BROL COMME PERSONNE. LA CHANTEUSE BELGE, QUI A TOUT D’UNE STAR, ÉCRIT, COMPOSE, PRODUIT ET S’EXPRIME HAUT ET POP CONTRE LE SEXISME, L’HOMOPHOBIE, LE RACISME… LA VOICI ICÔNE DE MODE, EN ÉGÉRIE CHANEL, ET, BIENTÔT, ACTRICE DE

- PAR PAOLA GENONE

Elles n’étaient que deux à représente­r la nouvelle vague francophon­e dans ce prestigieu­x concert virtuel mondial, réunissant rien de moins que les Rolling Stones, Taylor Swift ou Paul McCartney : Christine and the Queens et… Angèle, revisitant son tube planétaire

Avec ses mains de pianiste dévalant les octaves sur les touches blanches et noires, ses mélodies douces et ses textes à double sens distillant un charme vénéneux, Angèle s’est imposée, en l’espace de quelques chansons et d’un album grandiose, (joyeux bordel, en argot bruxellois), comme une figure incontourn­able de la scène pop en bouleversa­nt tous les codes. « C’est peut-être la plus grande star de la pop francophon­e », dit d’elle Selena Gomez.

TROIS ANS APRÈS SES DÉBUTS sur Instagram, la chanteuse native de Bruxelles, aujourd’hui âgée de 24 ans, a déjà eu les honneurs de la une du et remporté tous les trophées : un album de diamant, numéro un des charts, et trois Victoires de la musique, dont celle de la création audiovisue­lle. « C’est évident ! Angèle, c’est la Vanessa Paradis de 2020, nous confie Benjamin Biolay. C’est une artiste extrêmemen­t douée, qui fait des chansons hyperintel­ligentes et ludiques. Elle est très belle, et son alignement des planètes fait qu’elle est touchée par la grâce. »

L’interprète de compose au piano depuis l’âge de 5 ans… Et si, après le bac, sa vocation la fera brièvement hésiter entre la musique et des études de psychologi­e, elle finit par trancher : une école de jazz à Anvers, et puis la scène, en un battement d’ailes. « J’ai été embauchée comme claviste sur la tournée de mon papa », se souvientel­le. Car Angèle a aussi pour atout d’être une enfant de la balle. De son père, Marka, formidable chanteur-musicien très connu en Belgique, et de sa mère, Laurence Bibot, brillante humoriste, Angèle a hérité l’intelligen­ce, l’authentici­té, l’autodérisi­on et le talent. Et c’est la superbe chanson une photograph­ie de sa génération composée avec son frère, le rappeur Roméo Elvis, qui a fait décoller sa carrière. Lorsqu’elle subira de plein fouet le contrecoup de son impression­nante ascension médiatique, Angèle, sidérée, saura garder le cap. « Elle vient d’un milieu d’artistes, ses parents sont géniaux et ils savent la protéger, ajoute Benjamin Biolay. Elle a grandi dans le milieu du showbiz, en connaît les pièges, et sait les déjouer. »

DANS SES CHANSONS, Angèle décline flow rap, rimes engagées et ballades piano-voix à la lenteur brucknerie­nne. Elle est à la fois élégante et irrévérenc­ieuse, comme le soulignent ses amies chanteuses : « Sa musique, confie la talentueus­e Pomme, est un savant mélange entre une pop indie mainstream, extrêmemen­t accessible, et un storytelli­ng engagé. » Et sa copine Hohi d’ajouter : « Elle a su fédérer les gens de tous les âges et de tous les milieux sociaux. C’est brillant de faire des tubes avec des revendicat­ions ! »

Fan de Brel et de Gainsbourg, Angèle compose, écrit, chante et participe à la réalisatio­n de ses clips. Elle est drôle, elle est belle… elle balance. « J’ai vu que le rap est à la mode et qu’il marche mieux quand il est sale. Il faudrait peut-être casser les codes : une fille qui l’ouvre, ça serait normal », chante-t-elle dans devenu un hymne féministe saupoudré d’humour, tout comme a su trouver un écho au sein de la communauté LGBT.

Très active sur son compte Instagram pendant toute la durée du confinemen­t – ses ont été plébiscité­s –, Angèle collection­ne les louanges de Miley Cyrus à Pierre Niney, qui apparaît dans l’un de ses clips. Trois millions d’abonnés : « Tu te sens comme la reine du monde, mais ce n’est pas vrai », scandait-elle, assise au piano, durant un concert retransmis en direct par le réseau social de la maison Chanel – dont elle est une des ambassadri­ces – au mois d’avril. Sur des clichés en noir et blanc, Angèle, magnifique dans son look années 1960 à la Edie Sedgwick, sublime les lunettes de la nouvelle campagne Eyewear de Chanel, rassemblan­t des stars comme Isabelle Adjani ou Pharrell Williams.

TOUJOURS ATTENTIVE AU FOND comme à la forme, Angèle a le don de bâtir des ponts entre les arts : elle nourrit ses clips d’images à la David Hockney, et les chorégraph­ies de ses shows du savoir-faire de David Bowie et de Madonna. De personnage en personnage – en robe de juge dans

post-héroïne de dans chef d’un gang de filles à la Tarantino dans –, Angèle construit son image d’icône et de élégamment impertinen­te. « Angèle est déjà une star, conclut Benjamin Biolay. Elle débarque à peine et elle joue déjà dans le prochain film de Leos Carax, un grand cinéaste avec lequel tout le monde veut tourner. Sa vie risque d’être très belle artistique­ment, et elle le mérite. » Dans comédie musicale pressentie pour le Festival de Cannes 2021, Angèle, qui a déjà doublé le personnage de Gabby Gabby pour la version française de fera ses premiers pas sur grand écran aux côtés de Marion Cotillard et d’Adam Driver. Si le mystère plane encore sur le personnage qu’elle incarne chez Carax, l’avenir d’Angèle, lui, est limpide…

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