UE NUIT fantastique
C’est un plaisir de retrouver cette étrange collection des nuits d’artistes passées au Musée Picasso. C’est au tour du visionnaire Enki Bilal de raconter : ni plus ni moins il rencontre Picasso et Dora Maar en train de mettre en place une séance de pose pour le célèbre tableau qui évoque la phénoménale violence des délires fascistes du XXe siècle. Un cheval, une femme avec un bébé, un Minotaure, des avions fous, Goya qui se pointe dans une odeur de peinture rance… Ou comment les artistes « recrachent » les événements, « cherchent leur sens dans la profondeur du temps ». Tribulations hallucinatoires, jeux de mots, récit d’une ironie épique, et aussi tendres dessins pour faire reculer la violence des humains contre eux-mêmes… Voilà une nuit pas comme les autres, qui « ouvre vers l’ailleurs ». I. P.
À
PREMIÈRE VUE, exposition temporaire ne rime pas avec développement durable. Construire une exposition, c’est parfois faire venir du monde entier des oeuvres d’art pour quelques semaines, utiliser la climatisation ou le chauffage pour les conserver, et créer des éléments de décor qui finiront à la poubelle. Pourtant, certains musées se sont mis à concevoir des expositions plus vertueuses. « On peut nettement s’améliorer, et ce sera l’enjeu des prochaines années », affirme Anne Manouvrier, du service des expositions de la Bibliothèque nationale de France (BnF), institution pionnière dans la démarche. Dès 2008, la BnF réalisait un audit pour mesurer son empreinte environnementale, et proposait dans la foulée un guide de développement durable à l’usage des scénographes, devenu une référence. Le professionnel peut ainsi inclure des clauses de développement durable dans les appels d’offres concernant l’exposition qu’il organise, et favoriser, par exemple, l’écolabel européen pour la peinture – moins nocive pour l’environnement et la santé –, ou bien l’utilisation d’un bois issu de forêt gérée durablement.