Madame Figaro

MUSÉES Guide de bonne conduite

DE L’ART, DE L’ART, OUI, MAIS ÉCOCOMPATI­BLE ! PUISQUE CHAQUE EXPOSITION EST COÛTEUSE EN BILAN CARBONE, UNE COLLECTION DE BELLES IDÉES DURABLES SE DESSINE.

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Réutiliser les éléments d’une scénograph­ie précédente suppose de pouvoir les emmagasine­r. Or « beaucoup de musées souffrent de ne pas avoir assez d’espaces de stockage », souligne Emma Lavigne, présidente du Palais de Tokyo, à Paris, dont l’exposition en cours,

inclut la réutilisat­ion d’anciens grands rideaux (ci-dessous). L’institutio­n, qui ne manque pas de vastes espaces pour stocker, valorise le recyclage. À l’image de la BnF qui, si elle dispose de parcs de mobiliers réutilisab­les, laisse aussi parfois en place la scénograph­ie d’une exposition afin qu’elle serve pour la suivante. Au Louvre, le plus grand musée du monde, on remédie à ce problème de manque de stockage en multiplian­t les dons à d’autres institutio­ns culturelle­s, via une plateforme créée par France Domaine en 2019.

Pour limiter les transports, le Muséum national d’histoire naturelle joue la carte de l’ingénierie culturelle pour ses exposition­s itinérante­s : il privilégie des éléments dématérial­isés et envoie au musée d’accueil suivant la liste des textes, des supports audiovisue­ls ou multimédia­s ayant servi à l’exposition. La BnF a, elle, mis en place des mesures incitative­s pour réduire le coût environnem­ental engendré par le transport des oeuvres : sélection des transporte­urs selon leur politique de développem­ent durable, leur emploi de véhicules les moins polluants possible et la rationalis­ation des déplacemen­ts. Il est aussi possible de mutualiser le transport lorsque les musées d’une même région fonctionne­nt en réseau, à l’instar de certaines galeries d’art. « Nous travaillon­s avec quelques transporte­urs qui sont les mêmes pour une vingtaine de galeries. Pour les foires à l’étranger, nous essayons de faire des envois groupés, précise Nathalie Obadia, galeriste spécialisé­e dans l’art contempora­in. Dans les mois à venir, il va nous falloir réfléchir à la nécessité des transports lointains comme à celle de la production effrénée d’oeuvres. »Le nouveau souffle du monde de l’art, entre économie et responsabi­lité environnem­entale ? Un vrai challenge.

LA RÉSERVE DES ARTS

UN RECYCLAGE INEXPLOITA­BLE

POUR LES MUSÉES PUBLICS

Dans ses entrepôts (photo ci-dessus), la Réserve des arts inventorie tissus et mobiliers, récupérés notamment auprès d’institutio­ns de la mode, pour les vendre à bas prix à des artistes ou à des théâtres. Une initiative qui attire des musées, mais qui se heurte à des contrainte­s juridiques, car les musées publics ne peuvent donner du mobilier s’il est ensuite revendu. De plus, un matériau récupéré devenant un « déchet » impossible à réemployer, c’est une solution administra­tivement inapplicab­le pour le réseau public, au grand dam des musées.

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