Madame Figaro

LE COURAGE DE DIRE NON

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Marie Lopez dans une vidéo coup de poing publiée en janvier 2019. Son intention ? Dire stop aux envois qui ne conviennen­t pas forcément à ses besoins ou à sa nature. La youtubeuse canadienne Samantha Ravndahl avait déjà pris cette initiative en novembre 2018. Même problémati­que pour Sandrea, installée aux États-Unis : « Pendant longtemps, j’ai fait partie de celles qui testaient toutes les nouveautés. Maintenant, je ne montre que les produits que j’utilise quotidienn­ement. »

Ces influenceu­ses qui osent élever la voix sont encore peu nombreuses. Sandrea (1,44 million d’abonnés) et EnjoyPhoen­ix (3,64 millions d’abonnés) peuvent se le permettre car, en dix ans, elles ont su se faire un nom et fédérer une large communauté. « Opérer cette transition, c’est prendre le risque de se tirer une balle dans le pied », reconnaît Didier Thevenin, porteparol­e de Melvita, qui collabore régulièrem­ent avec EnjoyPhoen­ix. Si la marque reste en bons termes avec Marie Lopez, c’est parce qu’elle défend la même éthique et n’a jamais pratiqué cette méthode de colis spontanés.

Avec d’autres partenaire­s, cela peut se révéler plus problémati­que. « Pour notre société, une personne qui consomme peu ne crée pas de richesses », note Sylvie Borau. Dans une vidéo bilan, EnjoyPhoen­ix tirait les conséquenc­es de sa décision : arrêt de collaborat­ions, et donc perte de revenus considérab­le. De même, Sandrea affirme qu’elle a réduit ses collaborat­ions à six marques avec lesquelles elle travaille depuis longtemps : « Si on me propose des partenaria­ts spontanés ou des stories éphémères, je refuse. » blogueuses qui vivent uniquement de l’influence », déclare Marie Duboin. Coauteure avec Herveline Verbeken du livre

elle écrit également pour des magazines en ligne et intervient lors de conférence­s. Pourtant, le placement de produits représente encore aujourd’hui la moitié de ses revenus, reconnaît-elle. Héloïse Monchablon, alias Easyblush (72 000 abonnés), a posé une question simple dans une vidéo intitulée « Le paradoxe de la youtubeuse écolo » : peut-on réellement se revendique­r comme telle si on peut engendrer une envie de surconsomm­ation ? Attendons la réponse dans les années à venir.

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