Madame Figaro

Être puissammen­t FEMME

NATUROPATH­E, THÉRAPEUTE PSYCHANALY­TIQUE, ODILE CHABRILLAC EST DIRECTRICE DE L’INSTITUT DE NATUROPATH­IE HUMANISTE ET AUTEURE DE NOMBREUX OUVRAGES. DANS SON LIVRE ELLE NOUS INCITE À LIBÉRER NOS FORCES CACHÉES.

- PAR MARION LOUIS / PHOTO DAVID ROEMER / RÉALISATIO­N JULIE GILLET

MADAME FIGARO. – Tout le monde parle du féminin sacré et des sorcières… Un phénomène de mode ?

ODILE CHABRILLAC. – Cette thématique m’intéresse depuis toujours. Quand j’écrivais sur ce sujet, tout le monde me trouvait bizarre. Je voulais comprendre pourquoi ces femmes, les sorcières, ont été massacrées au nez et à la barbe de tout le monde, puis sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, et pourquoi ce mot est devenu tabou, incarnant de vieilles femmes laides et méchantes. En réalité, historique­ment, les sorcières étaient surtout celles qui dérangeaie­nt et défiaient l’autorité. Quant à la mode du féminin sacré, je ne me sens pas totalement concernée. Dans mon système de croyance, tout est sacré, le féminin comme le masculin, je n’ai donc jamais considéré le féminin sacré comme un but en soi. Mais il n’en reste pas moins intéressan­t que certaines femmes se réconcilie­nt avec leur féminité par cet angle-là.

Et comment fait-on ?

Je crois que tout est relié. C’est un peu la théorie du battement d’ailes du papillon, qui peut avoir des conséquenc­es à l’autre bout du monde. Même la science commence à s’intéresser à ces phénomènes, à parler de flux d’énergie, à s’interroger grâce à la physique quantique. Inutile d’aller au bout du monde pour travailler sur les différents états de conscience. En étudiant le chamanisme au

Être sorcière, c’est travailler sur soi pour faire preuve

Pérou, je me suis rendu compte que, nous aussi, nous avons cette culture-là : le savoir des sorcières est une sorte de chamanisme européen. Je suis convaincue que l’être humain appartient à un terroir, que nous sommes en harmonie, en vibration avec les plantes et que nous avons à proximité tous les remèdes qui nous conviennen­t le mieux énergétiqu­ement. Aujourd’hui, l’être humain est coupé de son corps et de la nature. Pour garder sa santé et sa vitalité, le principal est de savoir recharger son énergie en se reconnecta­nt à la terre, à l’eau, à la lumière.

On se recharge aussi avec le sommeil, l’alimentati­on, les personnes qu’on aime, les animaux, les pratiques corporelle­s comme le yoga et toutes sortes de rituels…

Justement, en 2020, ces rituels laissent un peu perplexes…

J’adore le folklore des sorcières, c’est ludique et tout à fait joyeux. Les rituels, les invocation­s, les recettes servent avant tout à renforcer notre volonté, à canaliser notre énergie, à nous réunir pour échanger et se soutenir mutuelleme­nt. La base des rituels est d’honorer symbolique­ment les différents aspects du cycle de la nature, l’essence de l’existence. Il n’y a rien de surnaturel dans tout ça. La magie dont je parle n’a rien des forces ténébreuse­s. C’est une célébratio­n enthousias­te de la vie. Il s’agit surtout de l’art de provoquer des changement­s grâce à des pouvoirs naturels.

C’est quoi, être sorcière en 2020 ? C’est travailler sur soi pour faire preuve d’ouverture et de sagesse. C’est aimer son corps nu ou habillé, en prendre soin, le renforcer, c’est retrouver le rythme de la nature, fêter les solstices, les équinoxes et les pleines lunes, éventuelle­ment en lien avec les autres, apprendre à s’interroger sans cesse, créer un vrai changement dans sa vie en utilisant ses propres ressources intérieure­s. C’est travailler et honorer ce que l’écrivaine Starhawk appelle « le pouvoir du dedans ». Attention, pas le pouvoir sur…

Il ne s’agit jamais d’exercer son pouvoir sur les autres. La puissance n’est pas la toute-puissance.

Elle s’exerce avec conscience, légèreté et bienveilla­nce. De toute façon, le bien que tu feras te sera rendu trois fois. Le mal aussi… Être sorcière, c’est être authentiqu­ement femme, joyeusemen­t femme et puissammen­t femme.

et de sagesse

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