Madame Figaro

DEVENIR CRÉATEUR DE MODE, combien cela coûte ?

CERTAINS CHOISISSEN­T DES ÉCOLES, D’AUTRES TRACENT LEUR ROUTE EN AUTODIDACT­E. UNE CHOSE EST SÛRE : LA VOIE ROYALE A UN PRIX.

- PAR ÉLISABETH CLAUSS

SE FORMER

Étudier à la prestigieu­se Central Saint Martins de Londres, comme Stella McCartney, John Galliano ou Alexander McQueen ? Compter environ 14 000 € par année, plus les options. La nouvelle IFM à Paris ?

Un master en création coûte 20 450 €, mais l’octroi d’une bourse est possible pour les Européens. À de rares exceptions près, les grandes écoles de stylisme sont des établissem­ents privés, dont les tarifs élevés assurent souvent une sélection par le portefeuil­le. Plus accessible­s, en Belgique, deux écoles publiques mènent à l’excellence. À La Cambre de Bruxelles, qui a formé Anthony Vaccarello (Saint Laurent) ou Marine Serre, le cursus revient à environ 350 € par an, mais la sélection est sévère : sur les 140 aspirants à se présenter chaque rentrée, 10 % seront retenus… et 5 obtiendron­t leur diplôme. Du côté de l’Académie royale d’Anvers (Haider Ackermann, Demna Gvasalia chez Balenciaga, ou Kris Van Assche chez Berluti), chaque année coûte environ 1 200 €. Sur les 200 postulants, 100 seront admis, et, après quatre ans d’études, 20 sortiront diplômés.

S’INSTRUIRE SOI-MÊME

Autre solution : faire ses armes seul, comme Jean Paul Gaultier, qui a démarré à 18 ans par un stage chez Pierre Cardin, avant de monter les échelons chez Jean Patou. Autre self-made-man devenu star, Nicolas Ghesquière, aujourd’hui à la tête des collection­s femme de Louis Vuitton, a effectué son premier stage chez Agnès b. à 14 ans, avant d’être nommé, douze ans plus tard, directeur artistique de Balenciaga. Mais ce genre de success story reste rare. Mathias Ohrel, fondateur du cabinet de recrutemen­t m-O Conseil, estime que « les autodidact­es aujourd’hui évoluent plus souvent dans de petites structures de mode en tant qu’entreprene­urs ». Traduction : il ne faut pas s’attendre à des carrières à la Karl Lagerfeld. Nathalie Dufour, fondatrice de l’Andam dont les prix, de 50 000 € à 250 000 €, soutiennen­t des créateurs émergents, prévient de son côté : « Avant de se lancer, il importe d’avoir développé une vision managérial­e forte de son projet. Car la mode, ça n’est pas qu’un art, c’est aussi un secteur économique. »

SE LANCER

Une fois diplômé, le parcours du combattant est loin d’être terminé. Franck Delpal, professeur à l’IFM, énumère les postes à anticiper : « Pour une ligne monoprodui­t avec peu de références, on peut démarrer avec 10 000 €. Pour une collection plus variée, il faut prévoir au minimum 30 000 €. Ensuite, pour la distributi­on, il existe trois solutions. Soit opter pour un show-room, soit vendre en ligne sur le web, soit investir un stand dans un salon à partir de 5 000 €. À tout cela, on ajoutera au minimum 1 000 € par mois pour un bureau de presse. » Aujourd’hui, la plupart des diplômés en mode ne lancent pas directemen­t leur marque mais optent pour une carrière plus discrète, en studio, qui leur permet de créer tout en bénéfician­t d’une relative sécurité. Et puis, parfois, certains sortent de l’ombre, comme Alessandro Michele, l’homme qui a révolution­né Gucci.

 ??  ?? Nicolas Ghesquière lors du défilé Louis Vuitton automnehiv­er 2020-2021, à Paris.
Nicolas Ghesquière lors du défilé Louis Vuitton automnehiv­er 2020-2021, à Paris.

Newspapers in French

Newspapers from France