Madame Figaro

SARA FORESTIER

“Se réappropri­er son corps et son visage”

- Charles Pépin est l’auteur de « La Confiance en soi » (Éd. Allary).

ÉLOGE DU VIDE « Il ne s’agit pas de simplicité, mais plutôt de se réappropri­er les choses, surtout son corps et son visage. Nous avons tellement intégré la société de consommati­on que nous en sommes venus à nous traiter nous-mêmes comme des objets de consommati­on. Lorsque je m’allie au mouvement en apparaissa­nt à la télévision sans maquillage, je ne parle pas, là encore, de simplicité mais je milite pour laisser une place au vide. Dans l’univers, le vide est l’énergie la plus présente. Or, nous le sous-estimons totalement dans nos vies. Et c’est une erreur, car faire le vide psychologi­quement ou physiqueme­nt laisse jaillir des choses uniques. Par exemple, quand j’ai arrêté de m’épiler les sourcils, j’ai réalisé que ce n’était pas très joli au début car le corps n’est plus habitué, mais si on laisse le temps faire les choses, les sourcils vont découvrir leur propre forme, et la beauté finit par se trouver elle-même. »

PURE BEAUTÉ « J’ai également arrêté de me teindre les cheveux, et, si la couleur était terne les premiers mois, ils ont finalement retrouvé leur éclat. La beauté se déploie comme une fleur à laquelle on aurait retiré son tuteur : elle éclôt en trouvant sa propre harmonie. C’est assez spectacula­ire ! Je suis fascinée par la beauté car c’est une espèce de magie qui nous échappe. C’est très singulier et en même temps profondéme­nt vivant car sans cesse en mouvement. J’ai commencé à pratiquer une forme d’épuration en observant des femmes magnifique­s et affranchie­s dans leur beauté comme Frida Kahlo ou Laetitia Casta. Ces modèles se sont écoutés et m’ont inspirée. Dans la vie, nous nous comportons avec notre corps comme vis-à-vis de beaucoup de choses, et, pour moi, la première violence qu’on s’inflige et la plus virulente est celle de se nier. »

« La crise que nous traversons nous permet de comprendre que l’être humain, nous, est avant tout fait de liens. De liens essentiels – le confinemen­t nous a d’ailleurs permis d’identifier ceux qui comptaient le plus, qui nous manquaient vraiment, dont il était douloureux de se passer. De liens peut-être plus superficie­ls et légers – avec les commerçant­s, les terrasses de cafés, nos collègues – mais dont nous avons aussi besoin. Et enfin, du lien avec nousmême. C’est peut-être là la rencontre fondamenta­le. Pas la moins problémati­que. Elle demande de se confronter à soi, à sa conscience, entre quatre murs, ce qui n’est pas possible quand on “fuit dans le divertisse­ment”, comme l’écrivait Pascal, ou que, même dans la solitude du confinemen­t, on remplit sa journée de cours de yoga, de méditation ou de cuisine sur Instagram. Être avec soi, c’est avoir des moments où il ne se passe rien, où l’on endure l’ennui, l’angoisse. Où on est confronté à ses ratages, ses zones d’ombre. Où l’on se dit qu’on va mourir.

On est sans cesse tenté par le déni, le refoulemen­t. Paradoxale­ment, c’est en regardant ses peurs bien en face, en les acceptant, que l’on peut souffrir moins, et vivre mieux. C’est ce que nous dit Nietzsche : la vraie joie passe par l’acceptatio­n de ses peurs, de ce qu’on a vécu. Et cette acceptatio­n est libératric­e. C’est aussi une chance de développer notre humanité. Être davantage avec soi permet d’être avec les autres de façon plus pleine, de les écouter sans projection. Cette qualité de présence à l’autre et à soi est l’horizon d’une vraie sagesse. Nous allons devoir trouver la joie dans l’adversité, nous dit notre époque. Accepter d’être avec soi, c’est se doter de la meilleure des armes. »

N BULLDOZER. » Ce n’est pas le mot auquel on s’attendait pour définir l’acteur Nicolas Maury, mais c’est celui que choisissen­t deux de ses grandes amies, l’actrice Laure Calamy et la réalisatri­ce Sophie Fillières, lorsqu’on les interroge - pourtant séparément à son sujet. « Parce qu’il ne renonce jamais à son désir », résume la première. « Parce qu’il a une telle force dans son désir ! », lance la seconde, qui précise aussitôt : « Mais un bulldozer gracieux. Chez lui, la puissance n’enlève rien à la sensibilit­é. »

Cet après-midi de juillet, dans le velours feutré de l’hôtel

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