MAUD WYLER & LÉA SEYDOUX
“On s’est choisies”
COMMENT EST NÉE VOTRE AMITIÉ ?
MAUD WYLER.– Il y a dix ans, sur le tournage du film d’Amos Gitaï Le réalisateur s’est amusé de notre complicité presque immédiate, et il en usait pour tordre certaines scènes vers plus de liberté.
LÉA SEYDOUX. – L’originalité, l’insolence et le côté irrévérencieux de Maud m’ont tout de suite plu, comme sa grande gentillesse et son intelligence. Elle perçoit les choses dans toute leur complexité et il y a chez elle une rigueur que j’aime beaucoup. Maud me touche car j’ai rarement rencontré une personne si singulière dans ma vie. D’ailleurs, elle a toujours été un curseur : nous faisons régulièrement des bilans de nos vies et comme nous avons presque le même âge, il nous arrive de traverser des choses similaires, comme le bonheur de devenir mère. QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DE L’AMITIÉ ?
M. W.– C’est de l’amour platonique. J’ai une mission de bienveillance et de vérité envers Léa. C’est une amie passionnante, exigeante et tendre.
L. S. – C’est une histoire d’amour sans fin. On s’est choisies avec Maud. Je suis très fidèle en amitié, mais j’ai une forme d’exclusivité quand je suis avec une amie. Je préfère l’intimité du tête-à-tête pour ne pas me disperser. QUAND AVEZ-VOUS LE PLUS BESOIN DE L’AUTRE ?
M. W.– Dans les moments les plus simples, faussement creux. Dans les heures qui passent.
Dans le vide vertigineux.
L. S. – Toujours ! Je pense que c’est vraiment quelqu’un dont j’ai besoin. Mais peut-être encore plus lorsque je vis des coups durs. Maud m’apporte beaucoup de joie. Je ne la vois pas comme une actrice, et quand il nous est arrivé de rejouer ensemble dans un film de Benoît Jacquot, nous étions très timides l’une envers l’autre, car nous redécouvrions la personne aimée dans un contexte exposé. J’ai été très fière d’être sa marraine pour la soirée des Révélations aux Césars et plus heureuse de cette distinction que si cela avait été pour moi !