ORDONNANCE ANTIDÉPRIME
Hausse de la prise d’anxiolytiques, troubles du sommeil… La professeure Marion Leboyer, psychiatre *, explique pourquoi il ne faut pas hésiter à consulter.
Quel impact ont ces confinements successifs ?
La littérature scientifique a montré très clairement une augmentation des troubles anxieux et dépressifs depuis le début de l’épidémie. Il y a les conséquences psychologiques de la pandémie – isolement social, crainte de tomber malade, d’avoir un proche malade –, l’impact de la crise économique, et, phénomène dont on parle peu, le Covid-19 entraîne une tempête inflammatoire qui fait aussi le lit des troubles anxieux et dépressifs.
Comment assurer le suivi pendant le reconfinement ?
Nous avons mis en place la téléconsultation. Il existe aussi des plateformes d’accès. Tout le monde est là pour aider les patients. Si, après avoir eu le Covid, on sent qu’on perd sa motivation, qu’on a du mal à dormir, par exemple, ce sont des signes qui doivent alerter. Il faut aller consulter. Être déprimé, c’est une maladie qui se soigne. Or, si on ne fait rien, cela s’aggrave. Il faut vérifier sa déprime comme on surveille son coeur et ses poumons. Pour ceux qui avaient déjà un suivi avant le confinement, il ne faut surtout pas l’arrêter. Ce n’est pas parce qu’on nous demande de rester chez nous qu’il faut arrêter les soins. La consommation d’anxiolytiques a augmenté, ce n’est pas étonnant : ce sont des médicaments qui fonctionnent très bien. Ce qui est inquiétant pour moi, c’est l’augmentation de la prise d’alcool et de substances illicites.