LA PHILOSOPHIE DU KINTSUGI
TROUVER DE LA BEAUTÉ dans les imperfections, voilà une philosophie qui semble à contre-courant dans une époque où certains veulent que leurs visages ressemblent à un filtre Instagram. Pourtant, la technique japonaise du kintsugi, qui consiste à réparer de la porcelaine ou de la céramique avec de l’or, ne date pas d’hier (XVe siècle), et elle retrouve aujourd’hui un certain élan en France. « Au-delà de la réparation, ce qui est important, c’est que l’on travaille autour de l’histoire de l’objet qu’on nous confie », relate Eugénie, dont on peut voir le travail sur le compte Instagram @nagori_ceramique. Le kintsugi « nous invite à admirer le temps qui passe, ce qui va à l’encontre du fonctionnement de notre société moderne. Par ailleurs, on répare en embellissant, et l’objet est alors souvent le symbole d’un acte de résilience de la part de la personne qui nous l’a apporté », souligne Myriam Greff de @kintsugifrance. La philosophie japonaise du wabi-sabi s’inscrit aussi dans cette démarche d’accepter simplement ce qui est, avec toutes ses imperfections. Quand il découvre un jour le wabi-sabi, Antoine Ricardou, designer et fondateur de l’agence Be-Poles, réalise qu’il a toujours fonctionné selon ce précepte sans le savoir : « Je trouve les choses plus belles quand elles sont accidentées. Ainsi, dans ce que j’entreprends en tant que designer, je m’adapte à ce que je trouve. Dans la réparation, il y a des couches successives, mais il ne faut pas forcément vouloir revenir au point de départ initial. »