Décryptage : les bonnes résolutions... Pas question !
VU LE CHAMP DE BATAILLE DE NOS VIES EN 2020, ON EST TENTÉ D’ESQUIVER CE RITUEL SAISONNIER, HISTOIRE DE S’ÉPARGNER LA PRESSION D’AVOIR DES AMBITIONS. À MOINS… D’OPTER POUR LA VERSION LIGHT.
ADIEU 2020 ? C’est peu dire qu’on attend avec impatience la fin d’une année classée comme la « pire de l’Histoire » par le magazine Time ! D’ordinaire, le 1er janvier, on passe doucement de la frénésie des fêtes à l’introspection, une tasse de bouillon à la main. Dans les douze mois qui s’annoncent, quels accomplissements, évidemment formidables, nous promettons-nous ? Cet épisode, connu sous le nom d’« heure des bonnes résolutions », est un rituel de passage classique que peu d’entre nous zappent tout à fait. Et si, saisissant le prétexte que faire des plans sur la comète est impossible en ce moment, on en profitait pour se dérober à l’exercice ? Cette année, les excuses ne manquent vraiment pas pour éluder… Adopter de « nouvelles règles de vie » ? Merci, ça ira, d’autres se chargent de nous en imposer. Quant aux voeux pieux hygiénico-spirituels, on en a eu plus que notre dose pendant les confinements ! N’est-ce pas, toi, l’anneau de Pilates qui dort sous le canapé (avec le dernier livre de Christophe André) ?
GARE AUX PIÈGES !
« Il y a, certes, une part de rêve dans les bonnes résolutions, mais aussi une énorme dose d’injonctions », indique Jenny Chammas, coach de vie et auteure du podcast Femme ambitieuse. Pour ne rien arranger, ces engagements envers soi sont souvent formatés par l’air du temps. « À âge et milieu comparables, nos envies d’un moi augmenté sont étonnamment semblables. » C’est effectivement louche… Les aspirantes à la pratique du bullet journal (cet agenda personnalisable où l’on peut tout regrouper, ses to-do lists, ses idées…) ou du jeûne intermittent sont légion, par exemple, depuis deux ou trois ans. La suite est connue : renoncement rapide, « puisqu’il s’agit de se conformer à une norme soufflée par d’autres », et petite bouffée délétère de haine de soi…
UN PAS À LA FOIS
Doit-on alors la jouer no future, sans la moindre projection satisfaisante ? Notre experte nuance : « Deux choses nuisent aux “bonnes résolutions”. D’abord, qu’elles soient au pluriel. Ensuite, qu’elles soient toujours très radicales. » Exemple ? « Je vais me lever plus tôt cette année. 5 h 30. Pour profiter d’un temps à moi… » Il est évident qu’on ne tiendra pas plus de trois matins de suite cet horaire drastique. Et que le miracle morning fera long feu, face à l’hébétude cafardeuse de l’aube hivernale ! « Mais on exprime là un idéal, c’est humain et très porteur d’espoir », souligne Jenny Chammas. Pour cheminer – plutôt qu’avancer à la machette – sur la voie de ce dernier et ne pas le perdre en route, elle recommande la pratique du « minimum syndical d’action ». Une résolution, et des petits pas. « Si l’on avance chaque semaine son réveil de dix minutes, on peut arriver en douceur et sans beaucoup d’efforts à des résultats qu’on n’osait escompter. » 2021, année des bonnes « petites » résolutions ? Tout de suite, le concept est plus sympathique…