Madame Figaro

Décryptage : les bonnes résolution­s... Pas question !

VU LE CHAMP DE BATAILLE DE NOS VIES EN 2020, ON EST TENTÉ D’ESQUIVER CE RITUEL SAISONNIER, HISTOIRE DE S’ÉPARGNER LA PRESSION D’AVOIR DES AMBITIONS. À MOINS… D’OPTER POUR LA VERSION LIGHT.

- PAR VALÉRIE DE SAINT-PIERRE / ILLUSTRATI­ON ANTOINE KRUK

ADIEU 2020 ? C’est peu dire qu’on attend avec impatience la fin d’une année classée comme la « pire de l’Histoire » par le magazine Time ! D’ordinaire, le 1er janvier, on passe doucement de la frénésie des fêtes à l’introspect­ion, une tasse de bouillon à la main. Dans les douze mois qui s’annoncent, quels accompliss­ements, évidemment formidable­s, nous promettons-nous ? Cet épisode, connu sous le nom d’« heure des bonnes résolution­s », est un rituel de passage classique que peu d’entre nous zappent tout à fait. Et si, saisissant le prétexte que faire des plans sur la comète est impossible en ce moment, on en profitait pour se dérober à l’exercice ? Cette année, les excuses ne manquent vraiment pas pour éluder… Adopter de « nouvelles règles de vie » ? Merci, ça ira, d’autres se chargent de nous en imposer. Quant aux voeux pieux hygiénico-spirituels, on en a eu plus que notre dose pendant les confinemen­ts ! N’est-ce pas, toi, l’anneau de Pilates qui dort sous le canapé (avec le dernier livre de Christophe André) ?

GARE AUX PIÈGES !

« Il y a, certes, une part de rêve dans les bonnes résolution­s, mais aussi une énorme dose d’injonction­s », indique Jenny Chammas, coach de vie et auteure du podcast Femme ambitieuse. Pour ne rien arranger, ces engagement­s envers soi sont souvent formatés par l’air du temps. « À âge et milieu comparable­s, nos envies d’un moi augmenté sont étonnammen­t semblables. » C’est effectivem­ent louche… Les aspirantes à la pratique du bullet journal (cet agenda personnali­sable où l’on peut tout regrouper, ses to-do lists, ses idées…) ou du jeûne intermitte­nt sont légion, par exemple, depuis deux ou trois ans. La suite est connue : renoncemen­t rapide, « puisqu’il s’agit de se conformer à une norme soufflée par d’autres », et petite bouffée délétère de haine de soi…

UN PAS À LA FOIS

Doit-on alors la jouer no future, sans la moindre projection satisfaisa­nte ? Notre experte nuance : « Deux choses nuisent aux “bonnes résolution­s”. D’abord, qu’elles soient au pluriel. Ensuite, qu’elles soient toujours très radicales. » Exemple ? « Je vais me lever plus tôt cette année. 5 h 30. Pour profiter d’un temps à moi… » Il est évident qu’on ne tiendra pas plus de trois matins de suite cet horaire drastique. Et que le miracle morning fera long feu, face à l’hébétude cafardeuse de l’aube hivernale ! « Mais on exprime là un idéal, c’est humain et très porteur d’espoir », souligne Jenny Chammas. Pour cheminer – plutôt qu’avancer à la machette – sur la voie de ce dernier et ne pas le perdre en route, elle recommande la pratique du « minimum syndical d’action ». Une résolution, et des petits pas. « Si l’on avance chaque semaine son réveil de dix minutes, on peut arriver en douceur et sans beaucoup d’efforts à des résultats qu’on n’osait escompter. » 2021, année des bonnes « petites » résolution­s ? Tout de suite, le concept est plus sympathiqu­e…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France