Madame Figaro

ÉDITO/« Remettre le couvert »,

- par Vanessa Zocchetti.

Conviviali­té… Voilà un nom commun que, il y a encore peu, nous employions sans vraiment songer à son sens. Mais, ces derniers mois, le terme a pris de l’importance et nous le prononçons avec sérieux, voire nostalgie. Car la conviviali­té est devenue rare, presque interdite. Et elle nous manque. Elle qui fait partie de notre art de vivre. Se retrouver autour d’un verre, d’une table et partager… de bons plats, de bons vins, de bons souvenirs, des bonnes et belles idées. Voilà qui nous semblait, il y a un an encore, tellement évident et qui, aujourd’hui, a la saveur du passé. La conviviali­té n’est pourtant pas un concept très ancien. Le Robert, dictionnai­re historique de la langue française, dirigé par le regretté Alain Rey, merveilleu­x expert de notre langue, souligne que le mot est apparu en 1816 et qu’il est dérivé de l’anglais conviviali­ty, soit le « goût des réunions et festins ». Ce n’est sans doute que dans les années 1970 qu’il désignera, selon le Larousse, la « capacité d’une société à favoriser la tolérance et les échanges réciproque­s des personnes et des groupes qui la composent ». La conviviali­té fait ainsi le lien entre le bien manger et l’ouverture à l’autre. Au printemps dernier, alors que tout contact avec l’extérieur nous était interdit, nous nous sommes mis à cuisiner avec passion, comme s’il y avait là un moyen de compenser l’absence de conversati­ons et de débats. Mais l’assiette, même si elle est exquise, ne peut suffire à satisfaire notre appétit de partage. Nous avons ainsi tous hâte de (re)manger ensemble. La soirée du 24 décembre sera une occasion unique de renouer, certes en cercle très fermé, avec la conviviali­té. Ce réveillon va, c’est sûr, confirmer que l’autre, les autres, nous nourrissen­t autant que les meilleurs mets. Il catalysera cette envie toute naturelle de remettre le couvert en bonne compagnie, cette excellente façon de refaire le monde…

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