“Comment mieux vivre avec le risque ?”
La crise sanitaire oblige à se protéger tout en redoublant de force pour avancer, créer, être soi malgré tout et préserver un élan vital. La philosophe et psychanalyste * nous aide à surmonter cette profonde contradiction.
qu’il est composé d’autre chose, qui n’est pas lui.
Les enseignements de cette crise sont intéressants : ils ont montré la nécessité de revenir à plus d’autonomie, d’avoir des normes sociales et environnementales plus fortes et réciproques entre États. Nous avons aujourd’hui les preuves concrètes des conséquences d’un système dérégulé sur nos vies.
Je pense aux nouveaux usages, qui montrent un vrai potentiel. Le télétravail libère, quoi qu’on en dise, d’une pression hiérarchique permanente, des mobilités contraintes, des intrusifs, épuisants. Demain, il peut aider à la « démétropolisation », à desserrer la densité, ce dont on a besoin. À partir du moment où les gens travaillent chez eux, la question de la fracture numérique, donc de la qualité du logement, va se poser. Les entreprises, au lieu de payer des bureaux, pourraient aider à rénover des habitats. Alors, bien sûr, le télétravail a ses pénibilités, on les connaît. Mais si on ne tombe pas dans le délire de la surveillance à distance, le système peut être intéressant en termes de transformation de vie, d’allocation d’aides, de productivité, et de choix des mobilités.
Oui. C’est compliqué, car on n’est pas encore au point, ni au niveau… Mais si le télé-enseignement devient demain plus fréquent, il peut obliger à s’intéresser enfin à l’inégalité face aux devoirs, aux équipements, à développer les cours de soutien. Les outils numériques peuvent aider à personnaliser l’enseignement et les rythmes d’apprentissages. Personne ne souhaite qu’ils se substituent au présentiel, mais qu’ils le « complémentarisent » intelligemment.
En sortant de l’attentisme, en s’obligeant à l’action, à la solidarité. À des stratégies d’innovation commune et d’intelligence collective pour traverser cette période. Il y aura une obligation d’invention. Si l’on manque d’inspiration seul, on peut créer des collectifs pour traverser l’épreuve ensemble. La création est toujours source de résilience.