Madame Figaro

“La métamorpho­se est une expérience que nous faisons tout le temps”

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ce qu’elles sont des organismes qui n’ont pas besoin de tuer d’autres organismes pour vivre : les plantes surgissent de la terre, se nourrissen­t d’eau, de lumière, de dioxyde de carbone et d’un peu d’azote. Le végétal transforme ainsi la matière en vivant pour, ensuite, par la nutrition, se donner à d’autres vivants. Tel est le mystère fondamenta­l : toute vie est appelée à être vécue par d’autres. Les espèces ne sont pas des substances closes sur elles-mêmes, mais des configurat­ions instables d’une seule et même vie, qui aime à migrer, transiter, circuler d’une forme à une autre. Nous avons de l’animal, du végétal et du minéral en nous. Génétiquem­ent, nous sommes un bricolage de virus et de bactéries. Et un nez ou un cerveau n’ont rien de proprement humain : nous en avons hérité des espèces qui nous précèdent, et d’abord des singes, comme des parents dont nous sommes les enfants. Pierres, plantes, animaux, humains : nous formons un seul et même corps.

cette même personne qui se partage pourtant entre deux corps, deux modes d’existence, deux mondes radicaleme­nt différents. Qu’est-ce que le mystère du cocon ? Celui d’une vie qui, après s’être construit l’anatomie d’une chenille qui rampe au sol et ne fait que manger, va la détruire pour reconstrui­re un corps neuf, celui d’un papillon chamarré qui vole dans les airs et s’adonne au sexe toutes les deux heures. Ce que les insectes donnent à voir de manière si éclatante concerne en fait l’entièreté du vivant : la métamorpho­se est une expérience que nous faisons tout le temps, et à plusieurs endroits. modèle au monde ou à nousmême. Au contraire, la métamorpho­se est sans garantie : est-ce que ça va marcher ? C’est une vision de la transforma­tion qui est portée par une confiance certaine dans la capacité du vivant à expériment­er, improviser et trouver son chemin.

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