Madame Figaro

Yunice Abbas, braqueur de Kim Kardashian : « J’ai raté mon coup. »

L’UN DES CAMBRIOLEU­RS DE LA STAR DE TÉLÉRÉALIT­É RACONTE DANS UN LIVRE LES COULISSES DE CE QU’IL A APPELÉ LE “CASSE DU SIÈCLE”.

- PAR MARION GALY-RAMOUNOT

EN LIBERTÉ PROVISOIRE DEPUIS OCTOBRE 2018, après vingtdeux mois de prison ferme, il attend d’être jugé. Dans un témoignage inédit, Yunice Abbas, 67 ans, revient pour nous sur cette nuit du 2 au 3 octobre 2016 où il a dérobé l’équivalent de 9 millions d’euros de bijoux à Kim Kardashian, avec quatre autres voleurs, en pleine Fashion Week de Paris. On les a appelés les « papys braqueurs » parce qu’ils avaient tous plus de 60 ans à l’époque, et l’affaire a fait, depuis, le tour du monde. Dans son livre coécrit avec le journalist­e Thierry Niemen, il raconte de l’intérieur le montage puis le fiasco final du vol le plus important jamais réalisé en France aux dépens d’un particulie­r.

MADAME FIGARO. - Pourquoi écrire ce livre cinq ans plus tard ? Un besoin de rétablir la vérité ?

YUNICE ABBAS. - Un moyen de rétablir plusieurs vérités. Je voulais que ma version soit connue, au-delà de celles, souvent fausses, entendues à droite, à gauche.

Votre version, justement, va à l’encontre de celle de Kim Kardashian. Quelle est votre version ?

C’est-à-dire qu’on l’a bien agressée. Moi je ne faisais pas partie de l’équipe qui est allée à l’étage, je n’ai pas rencontré Madame Kardashian, je ne l’ai pas bousculée. La version, c’est qu’elle s’est livrée, qu’elle a tout donné, qu’elle n’a pas résisté. Elle a pris son téléphone, on lui a attaché les mains, on l’a allongée sur le lit. Beaucoup ont dit qu’on l’avait mise dans la baignoire, mais mes compagnons m’ont affirmé le contraire. La salle de bains, il y avait manifestem­ent une personne cachée à l’intérieur (l’assistante de Kim Kardashian, NDLR), mais personne, pendant le braquage, n’a vu qu’elle était là.

Votre vieil ami, que vous appelez La Pince, vous propose ce casse en vous disant : « Je te préviens, c’est une star. La femme d’un rappeur américain. » Cela ne vous a pas freiné ?

Moi, des rappeurs célèbres, je n’en connais pas vraiment. Je suis de l’ancienne école, je viens d’un autre monde. Je partais pour aider à récupérer un diamant, c’est tout.

Vous n’avez pas pensé que dévaliser une célébrité était peut-être un coup trop risqué ?

C’est une peur que j’ai vécue après. Le lendemain, quand j’ai entendu son nom sur toutes les télés. J’ai tout de suite regretté d’avoir mis un pied dans cet immeuble. Moi, je n’aime pas les sirènes médiatique­s, je suis quelqu’un de discret. Bref, j’ai raté mon coup. Honnêtemen­t, si j’avais su que c’était Kim Kardashian, quelqu’un d’aussi célèbre, j’aurais dit non.

Quel a été votre rôle dans le braquage ?

J’ai aidé à maîtriser le concierge, je me suis mis à la réception pour le remplacer, j’ai monté la garde. J’étais censé recevoir les clients si certains arrivaient, mais personne n’est venu. Ça a duré moins de 10 minutes, 7 ou 8 minutes.

Concrèteme­nt, qu’est-ce qui a tout fait capoter ?

L’ADN. À l’époque, on nous a traités de « pieds nickelés » en nous accusant d’être partis sans gants. C’est faux. J’en avais même deux paires ce soir-là.

On était bien équipés, bien protégés. On avait de l’expérience, contrairem­ent à tout ce qui a pu être dit. Mais ce qu’on ne connaissai­t pas, c’était les nouvelles techniques autour de l’ADN de contact. D’après ce que je sais, ce sont les techniques très avant-gardistes du FBI qui ont permis cette avancée au cours de l’enquête.

Le butin n’a jamais été retrouvé, malgré des traces en Belgique et aux États-Unis…

Ce n’est pas moi qui ai géré cette partie du dossier. J’ai compris que ça avait été vendu en Italie, mais finalement ça a été vendu à Anvers, en Belgique. Pour ce qui est de l’argent, on en a retrouvé une partie chez moi, mais ce n’était qu’un acompte. Le reste, je ne l’aurai pas. Ce qui n’a pas été retrouvé tout de suite, en général on ne le retrouve pas après. Cela va rester un mystère.

« J’ai séquestré Kim Kardashian », de Yunice Abbas et Thierry Niemen, Éditions de L’Archipel, 250 p., 18 €.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France