LA CHRONIQUE DE COLOMBE SCHNECK
LECTRICE ET ÉCRIVAINE
Dans l’entrée de mon appartement, j’ai posé La Belle Vie, un album de Floc’h, je le salue plusieurs fois par jour. En couverture, un père en costume trois pièces gris souris, chemise blanche et cravate foncée, sa palette à la main, pose d’un geste ample son pinceau sur les cheveux d’une petite fille assise, un lapin à ses côtés, sur une calèche tirée par une chèvre. Il m’arrive de le relire, j’adore quand le père lui dit : « La belle vie, c’est faire ce livre avec toi. » Dans un autre titre de Floch, Où mène la vie ?, un de mes livres préférés au monde, la petite fille pose précisément cette question à son père, et les réponses qu’il lui donne sont si justes et profondes qu’on a envie de les apprendre par coeur. J’étais donc très heureuse quand j’ai appris qu’un nouvel album de Floc’h sortait. J’ai tout de suite aimé le titre, La Femme de ma vie. Enfin, j’allais avoir des réponses sur le couple et l’amour. Comment faire pour que cela marche ? C’est tellement difficile, quarante ans d’expérience et je n’ai toujours pas mon diplôme.
En couverture de La Femme de ma vie, on le reconnaît, c’est bien lui, le père de la petite fille, en costume trois pièces gris souris, il a juste changé de chemise, elle était blanche, elle est bleue. Cette fois, il sort un peu du cadre, il a laissé la bonne place, au milieu, à sa femme. Une main posée sur le menton, elle affirme : « C’est gênant ! », et son mari lui conseille : « Assume, tu es le sujet du livre… » Je ne sais pas si la femme de Floc’h a aimé ce portrait aimant et sincère de leur couple, j’espère de tout coeur que oui. « Il y a ce que l’on désire… et ce que la vie accorde », écrit et dessine Floc’h. Il y a qu’on se dispute, qu’on boude, qu’on est différent, qu’on refuse de se soumettre, il y a que la félicité arrive, mais on ne sait toujours pas comment et pourquoi, il y a que j’ai posé La Femme de ma vie dans l’entrée, à côté de
La Belle Vie, car on ne sait jamais, cela peut me porter chance.