« Le printemps des créateurs », par Marion Dupuis.

Comme tout le monde, ils ont d’abord été sidérés. Face au vide, à l’immobilité, au temps suspendu. Eux dont l’énergie créative n’avait jamais connu de récréation forcée, d’horizon bloqué. En mars dernier, à l’heure du premier confinement, les créateurs de mode se sont d’abord posés. Ils ont réfléchi à leurs envies et au monde d’aujourd’hui, puis, peu à peu, le printemps est revenu. De leur fenêtre, ils ont sans doute vu les oiseaux s’envoler, le soleil briller, le bleu du ciel s’intensifier.

On ne leur demandait pas d’être des héros, ils étaient conscients des luttes et des souffrances, mais plutôt que de baisser les bras, ils ont préféré relever les manches, rassembler par écrans interposés leurs équipes dispersées, prêts à en découdre avec la plus belle des saisons, celle des arbres en fleurs, de la douceur et des couleurs. Il a fallu s’adapter, se renouveler, travailler à distance, avancer les collections printemps-été avec des ateliers fermés. Ils l’ont fait. Il a fallu pallier l’absence de défilés, imaginer de nouveaux formats sur le digital. Ils ont trouvé et réinventé leur façon de présenter les collections.

Il a fallu inclure les combats en cours liés à l’environnement, à la diversité, à l’inclusivité – pour ne pas stagner dans l’ancien monde. Ils s’y sont attelés. Pour que cette saison existe, l’effort a été collectif. Pour que l’optimisme résonne au moment où tout bourgeonne, l’énergie a été décuplée. Pour contrer la morosité, ils se sont tous mobilisés, des jeunes designers aux grands couturiers, pensant renaissance et jours d’après. Et pour ne plus broyer du noir, ils ont préféré convier le rose, la fantaisie, les teintes vibrantes, le souffle de la nature et les motifs arty.

C’est aussi ce que nous mettons en lumière dans nos exceptionnelles séries mode réalisées avec un casting multigénérationnel de mannequins, d’artistes et d’influenceuses qui rendent honneur à leurs créations. Car ce printemps qui papillonne, finalement, ils l’ont bien attrapé. Se disant peut-être, ça repart, ça renaît, on peut espérer. Alors, à tous les créateurs, ce Spécial mode reconnaissant.