Déco: la fin de l’air glaciaire.
DE LA COULEUR, DE L’ÉCLECTISME, DE LA FANTAISIE… APRÈS L’ÉPURE, PLACE À LA PROFUSION. ON OSE LE TÉLESCOPAGE DES STYLES ET ON CULTIVE SA SINGULARITÉ. POUR SIGNER UN INTÉRIEUR BIEN À SOI.
DES CHEVAUX qui courent sur un fond d’un bleu profond. Des fleurs multicolores qui s’épanouissent en une énorme guirlande. Des sirènes qui dansent entourées d’hippocampes. Des accumulations de poteries qui évoquent Vallauris… Les motifs de la collection de papiers peints baptisés Éternel Été signée de la maison Pierre Frey sont une ode à la Provence, à ses traditions, avec des références aux années 1950…
Voilà de quoi éclairer la maison, y faire entrer le soleil. Car, après des années de dictature scandinave, de bois blond et de pastel, il semble que l’univers de la décoration mette le cap sur des mondes enchantés. La maison se libère de ses carcans épurés. « Le design scandinave a connu un énorme succès. Ces ambiances feutrées, tout en retenue, correspondaient à un besoin d’apaisement face à l’agitation ambiante, constate Natalie Weinmann, designer industrie et déco au sein du bureau de tendances Carlin. Au début, c’était bienvenu, mais avec le temps, il y a eu une standardisation de l’offre qui est devenue lisse et froide. En réaction, on a vu émerger un besoin d’originalité catalysé par le premier confinement durant lequel nous nous sommes réapproprié nos intérieurs. Nous avons eu envie d’y injecter notre créativité. » Car, désormais, la déco doit plus que jamais refléter ce que l’on est, à l’image d’un look. Il faut ajouter à cela un intérêt accru pour les pièces qui ont du sens, qui riment avec durabilité, valeur aujourd’hui centrale. Cela explique un boom du vintage avec de plus en plus de brocantes en ligne, à l’image du site Selency et des maisons qui font la part belle aux artisans, comme la marque Midi qui fait fabriquer ses créations par des ateliers provençaux. Plus globalement, c’est le mélange des genres qui est plébiscité et la possibilité d’associer une potiche rustique à un tapis rapporté du Maroc et à un fauteuil contemporain. « Il y a une envie d’hétérogénéité, avec même un retour du baroque et du kitsch », complète Natalie Weinmann.
On aura d’ailleurs une parfaite illustration de ce mouvement le 24 mars, avec le lancement de la collaboration entre Monoprix et le très iconoclaste architecte d’intérieur Vincent Darré. Théière cygne, fauteuil aux accoudoirs en forme de volatiles…, la collection donnera des ailes à tous ceux qui veulent quitter les atmosphères nordiques pour aller vers des horizons fantaisistes.