Madame Figaro

La beauté nouvelle GÉNÉRATION

ULTRACONNE­CTÉES, ÉCORESPONS­ABLES, ÉPRISES DE NATUREL… LES MILLENNIAL­S CHANGENT LES CODES DE LA COSMÉTO.

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DANS CE MONDE INCERTAIN, ce sont la passion et l’émotion qui guident l’action des 15-20 ans. Ils expériment­ent différente­s versions d’eux-mêmes pour épouser toutes les possibilit­és de demain », avertit Laurie Deyirmendj­ian, directrice générale de NYX Profession­al Makeup. Un atout pour les marques, qui cherchent en permanence à les séduire à grand renfort d’éditions limitées et de nouveautés. Mais « cette envie d’être constammen­t dans la surprise fait des adolescent­s des consommate­urs qui ne sont pas très fidèles. Sauf peut-être dans le parfum », rappelle Audrey Roulin,

beauty director au sein du cabinet de tendances NellyRodi. En effet, cette génération, biberonnée aux réseaux sociaux et à Google, s’est vue proposer un éventail de marques dépassant les seules propositio­ns des commerces avoisinant leur lieu d’habitation ou peuplant la salle de bains familiale.

D’AUTRES HORIZONS

LES FRONTIÈRES SE SONT ABOLIES, ouvrant ainsi des perspectiv­es internatio­nales où les marques étrangères font le buzz avant même leur arrivée en France. « On l’a vu avec Fenty Beauty et Glossier, qui à mes yeux ont marqué un vrai tournant dans la beauté », souligne Lucille Gauthier-Braud,

beauty trend director du cabinet de tendances Peclers. Fondée par l’influenceu­se Emily Weiss, Glossier faisait rêver via ses réseaux sociaux avant même de provoquer l’émeute lors de son lancement chez Colette. Car l’incarnatio­n semble être devenue un critère majeur, comme en témoignent les multiples lancements de célébrités : de Selena Gomez (Rare Beauty) à Millie Bobby Brown (Florence by Mills) ou Kylie

Jenner (Kylie Cosmetics). Au-delà des produits, il faut un visage. Mais pas uniquement un prête-nom. « C’est une génération qui a besoin de quelqu’un qui porte le message. Le succès de Rihanna tient aussi au fait qu’elle se montre investie, explique Lucille Gauthier-Braud. Là où leurs mères avaient une confiance aveugle dans les marques et leurs égéries, les nouvelles génération­s ont compris qu’il y a une question de sens et d’engagement derrière l’acte d’achat. »

UNE EXIGENCE QUI LES POUSSE À S’INTERROGER, à se renseigner, et même à établir un dialogue en direct via le compte Instagram d’une marque. Vidéos YouTube, posts des influenceu­rs, sites des enseignes…, les nouvelles génération­s pratiquent une curation de contenus à partir des moyens qui sont mis à leur dispositio­n. Elles semblent bien mieux informées que celle de leurs parents au même âge. Au point même de les initier à de nouvelles méthodes de consommati­on. « Aujourd’hui, l’idée de transmissi­on mère-fille s’inverse, parce que l’expertise vient des jeunes », poursuit Lucille Gauthier-Braud. Une tendance qui se remarque aussi auprès des trentenair­es, qui sensibilis­ent leur mère à davantage de naturalité : « Elles leur ouvrent les yeux sur les produits qu’elles utilisent et qui peuvent ne pas être clean. Elles ont une approche écorespons­able, font attention à la qualité des formules, à la fabricatio­n à la demande et à la recyclabil­ité des packagings », observe Lucile Battail, fondatrice de Laboté.

UNE SENSIBILIT­É AU GREEN qui peut également compter pour les ados sans pour autant transforme­r leurs habitudes de consommati­on. « Cette génération ecological

native est naturellem­ent plus sensible à l’environnem­ent. Mais cela passe avant tout par l’alimentati­on. Pour les cosmétique­s, si c’est naturel, c’est mieux. En revanche, l’absence de sensoriali­té et surtout le prix représente­nt encore un frein pour ne miser que sur du bio », conclut Audrey Roulin.

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