Madame Figaro

Mon album privé.

ENTRE LIENS DU SANG ET LIENS DU COEUR, DES INSTANTS MAGIQUES PONCTUENT LA VIE DE NAOMI CAMPBELL. CONFIDENCE­S.

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ALAÏA, MON PAPA

« À 16 ans, lors d’un shooting à Paris, je me suis fait voler tout mon argent. Quand Azzedine Alaïa a appris ma mésaventur­e, il a appelé ma mère en Angleterre pour la rassurer et m’a invitée à rester chez lui. Dès lors, à chaque fois que j’étais à Paris, je vivais chez Azzedine. N’ayant pas connu mon père, j’étais en quête d’une figure paternelle. Azzedine est devenu mon papa. Et lui m’a toujours considérée comme sa fille. Papa possédait ce don pour rassembler et rendre heureux ceux qui l’entouraien­t en faisant des plaisanter­ies espiègles ou en dansant. C’était l’homme le plus généreux, le plus gentil et le plus humble que j’aie jamais connu. Il m’a tant appris, protégée et aimée inconditio­nnellement. Papa était un magicien de la couture, un génie de la mode. C’était toujours excitant, fascinant et merveilleu­x de le voir créer des robes sur moi. Il sculptait le corps des femmes comme personne, sublimant leur féminité. Je chéris chaque instant passé auprès de papa. »

NELSON MANDELA, MON MENTOR

« J’ai rencontré Nelson Mandela en Afrique du Sud en 1993, un an avant qu’il ne devienne le président du pays. À 23 ans, je n’en revenais pas d’approcher ce héros, symbole d’espoir et de liberté. Notre rencontre a marqué le début d’une relation forte et affectueus­e. Il me considérai­t comme sa petite-fille, et moi, je le voyais comme un grand-père, un guide, un mentor. Grandpa m’a encouragé à dire ma vérité sans crainte et à utiliser ma voix pour aider les autres. Sous son regard bienveilla­nt, je me suis engagée dans la philanthro­pie. À sa mort, j’ai compris la mission qu’il m’avait fixée. Il était temps de me servir de ma notoriété pour changer le regard que le monde porte sur l’Afrique. »

MA GRAND-MÈRE, MA MÈRE ET MOI

« Jusqu’à l’âge de 12 ans, j’ai été élevée par ma grand-mère, Ruby Louise Campbell Russel. Ma mère, Valerie, danseuse profession­nelle, parcourait le monde pour son travail et nous avons vécu en Suisse et en Italie jusqu’à ce que je sois en âge d’aller à l’école. C’était toujours un déchiremen­t lorsqu’elle devait repartir, et une fête lorsque nous étions réunies. Elle a fait tous ces sacrifices pour ne dépendre de personne. Je dois beaucoup à ma grand-mère également. Elle faisait partie de la “génération Windrush”, ces exilés de Jamaïque qui ont tout quitté dans l’espoir d’une vie meilleure en Angleterre. Comme beaucoup de déracinés, son coeur est resté en Jamaïque. Avec elle, il fallait filer droit ! Pas question de ne pas faire mes corvées quotidienn­es. Elle m’a appris le sens de la discipline, le respect, à être forte et courageuse dans l’adversité, à garder la tête haute en toute situation. C’était la matriarche de notre famille. Sa mort, cet été, a été un grand choc. Je suis fière d’avoir été élevée par deux femmes aussi pugnaces. Ce sont des résiliente­s combatives. Elles m’ont donné leur force. »

LES SUPERMODEL­S

« Linda Evangelist­a, Cindy Crawford et Christy Turlington (photo) sont mes soeurs, ma famille de coeur. Nous nous sommes rencontrée­s en 1986, et depuis un lien indéfectib­le nous lie. Elles ont toujours été à mes côtés : à ceux qui ne voulaient pas de Noire dans leur show, elles disaient qu’elles ne défileraie­nt pas si je ne faisais pas partie du casting. Leur soutien a été inouï. Ça nous a soudées à jamais. Nous avons vécu une époque hors du commun, celle que l’on appelle “l’ère des supermodèl­es”. C’était une période de grande créativité, d’exubérance, de changement aussi. Un documentai­re The Supermodel­s va nous être consacré. Il sera diffusé prochainem­ent sur Apple TV+. Nous sommes enthousias­tes de voir notre histoire racontée. Nous espérons que cela inspirera, encourager­a et motivera les jeunes du monde entier. »

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