KAROLE ROCHER
“Je ne veux pas tout politiser”
L’ACTRICE INCARNE MADAME CLAUDE. À ses côtés, on retrouve Garance Marillier, Benjamin Biolay et Roschdy Zem. Elle évoque avec nous cette personnalité controversée et la fin de son règne dans les années 1970.
Quel regard portez-vous sur Madame Claude ? Je suis touchée par ce personnage, son amertume, son cynisme et son complexe de pauvreté. À cette époque de sa vie, Madame Claude ne croyait plus en elle, ni à son bonheur. Elle avait, selon elle, tout raté avec sa fille. Elle a fini ses jours, seule, à Nice. Pourtant, sa forte personnalité, sa grande intelligence et sa détermination sans faille dans sa quête de pouvoir font d’elle une femme fascinante à incarner pour une actrice.
Les années 1970 vous font-elles rêver ? Je n’aurais pas aimé vivre dans une période où l’avortement était un crime et où il fallait demander la permission à son mari pour s’acheter une robe. Je suis heureuse de vivre à mon époque et surtout d’avoir l’âge que j’ai, car je trouve qu’on demande beaucoup trop aux filles de 20 ans aujourd’hui. Il faut qu’elles soient fortes, qu’elles réussissent, qu’elles mènent au moins un combat (féministe, écolo…). C’est beaucoup de pression pour certaines adolescentes. J’élève mes quatre filles en leur disant : « Faites-vous confiance, écoutez votre coeur et surtout prenez le temps », car on passe sa vie à apprendre à se connaître.
Madame Claude est-il un film militant ? Je ne veux pas l’enfermer dans une case, car cela reste du cinéma et un personnage intéressant mais très trouble. Je n’ai pas envie de tout politiser. Je suis une actrice qui a la chance de jouer un premier rôle féminin fort et complexe. On ne demande pas à un homme qui joue un proxénète au cinéma si sa position est politique, donc je ne vois pas pourquoi je devrais prendre position quand je joue une gangster en fourrure !