Madame Figaro

PHILIPPE MODEL & BRUNO DUBOIS

L’ESPRIT BISTROT

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IL A CONQUIS LE MONDE AVEC SA CHAISE PARISIENNE. Et pourtant, rien ne prédestina­it Bruno Dubois, consultant en stratégie industriel­le, à faire carrière dans le mobilier. C’est en voyant l’âge de la retraite arriver que l’homme songe qu’il est temps de lever le pied sans pour autant cesser toute activité. Il explore plusieurs pistes et s’éprend de la Maison Louis Drucker, alors à vendre. Fasciné par le potentiel du rotin et le savoir-faire de cette manufactur­e créée au XIXe siècle, il la rachète en 2006. En quelques années, ses chaises de bistrot redevienne­nt des icônes… Rien d’étonnant, donc, à ce qu’elles aient attiré l’attention de Philippe Model, amateur de beau, connu pour ses chapeaux, souliers, mais aussi pour ses collection­s de peintures, papiers peints, objets déco, meubles… Ce touche-à-tout s’est pris de passion pour les assises et, avec Bruno Dubois, donne des couleurs au mobilier.

MADAME FIGARO. – Comment vous êtes-vous rencontrés ? PHILIPPE MODEL. – La manufactur­e Gatti, avec qui j’ai réalisé mes premières collection­s de chaises bistrot, a été revendue il y a un an et demi à un financier. Quand j’ai compris que la collaborat­ion allait être impossible, je me suis tourné vers Bruno. Il a immédiatem­ent proposé de m’aider.

BRUNO DUBOIS. – J’étais ravi de travailler avec Philippe, car une entreprise ne peut se développer qu’en proposant de nouveaux produits. Et cela passe par des collaborat­ions avec des créateurs de talent, comme Philippe. Certes, nous avons nos archives, les signatures de Maison Louis Drucker, mais nous devons aussi faire évoluer nos collection­s en ouvrant notre univers à des personnali­tés passionnée­s, originales, uniques, qui apportent un autre point de vue sur notre savoir-faire. Décrivez-nous cette collection ?

P. M. – Il s’agit d’une collection de chaises déclinées dans neuf teintes et complétées par un banc, une tête de lit et un abat-jour.

Qu’avez-vous appris l’un de l’autre ?

P. M. – Maison Louis Drucker, labellisée Entreprise du patrimoine vivant, m’a apporté son savoir-faire historique d’exception, son exigence. Cette collaborat­ion me permet aussi de faire connaître mon travail hors de France, car Maison Louis Drucker a une clientèle internatio­nale.

B. D. – Philippe a montré aux équipes de Maison Louis Drucker que l’on pouvait traiter la couleur à travers des mélanges et des motifs différents, peut-être plus complexes que ce que nous avons l’habitude de faire. Nous avons 40 sortes de tissages et, pour lui, nous avons dû en inventer d’autres ! Un défi passionnan­t et un nouveau souffle. Si Philippe voit en nous un moyen de se faire connaître dans le monde, il est aussi, pour notre maison, l’emblème de la création parisienne qui plaît partout sur la planète. Nos clients, en Azerbaïdja­n, en Australie où ailleurs, veulent tous un morceau de la Ville Lumière, et Philippe s’avère en être un parfait ambassadeu­r.

Quels sont les liens entre artisanat et design ?

B. D. – L’artisanat et le design sont inséparabl­es. Ils doivent sans cesse fusionner pour vivre, voire survivre.

P. M. – Ce rapprochem­ent n’a pas toujours été évident. Mais notre époque implique un nouveau lien aux objets : on souhaite qu’ils durent, qu’ils aient une âme. Elle est donc propice à recréer un lien intime entre les designers et les artisans. Avez-vous une autre collaborat­ion en vue ?

P. M. – Nous souhaitons tout simplement élargir cette gamme.

B. D.– Ce matin, je réclamais d’ailleurs une nouvelle chaise à Philippe. Un modèle un peu classique, avec un dossier en forme de médaillon. Il va plancher dessus…

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Chaises de bistrot parisienne­s en rotin.
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