Magicmaman Hors-série

J’accompagne ses premiers pas

- Par Anne Ulpat. Avec le Dr Patrick ben Soussan, pédopsychi­atre, et la Pre Laurence Vaivre-Douret, psychologu­e du développem­ent et neuropsych­ologue clinicienn­e.

Un beau jour, votre tout-petit se lève et met un pied devant l’autre. Jambes écartées et bras en chandelier pour garder un semblant d’équilibre, il peut enfin partir à la conquête de nouveaux espaces...

Le regard de votre enfant pétille. Ça y est, il n’a plus peur et part à la découverte de la maison. Un pied devant l’autre, il agrippe un pouf par ici, un pied de table par là, et hop, le tour est joué, il sait marcher ! Et il ne cesse de s’en émerveille­r. Son doudou à l’autre bout de la pièce ? Il peut désormais aller le chercher tout seul. Quelle liberté ! Grâce à cette nouvelle aptitude, votre bambin a conscience qu’il n’est plus un bébé. C’est bien simple : le monde lui appartient ! « Faire ses premiers pas puis marcher constitue une étape capitale dans le développem­ent psychomote­ur et affectif du tout-petit, commente le Dr Patrick ben Soussan, pédopsychi­atre. Il passe du stade de bébé à celui d’enfant. Il quitte les bras de sa maman et devient un petit homme, comme s’il intégrait pleinement son statut d’humain. En ce sens, la marche est aussi importante que le langage. » Mais avant d’en arriver là, il lui a fallu franchir bien des étapes. Et chacune d’elle est importante. Seul votre enfant sait quand son corps est prêt. S’il ne marche pas avant, c’est qu’il n’a pas la maturité nécessaire. Mieux vaut donc respecter son rythme. La marche s’acquiert entre 11 et 18 mois, un laps de temps suffisamme­nt long pour que chaque tempéramen­t s’exprime. Etrangemen­t, tout commence… à la naissance! Dès ses premières heures, un nourrisson marche lorsqu’il est tenu par le pédiatre au-dessus d’une table, par exemple. Mais ce n’est qu’un réflexe : il ne contrôle pas le mouvement de ses jambes, qui n’a donc rien de volontaire. Au bout de quelques semaines, ce réflexe disparaît. Tout est à recommence­r ! Le tout-petit va devoir faire de la marche un acte volontaire. Mais pour cela, il doit développer sa tonicité. Celle-ci s’acquiert grâce à un processus dit de myélinisat­ion. La myéline, une substance grasse qui recouvre les fibres nerveuses, fait circuler les influx nerveux de plus en plus vite, provoquant une maturation de la motricité volontaire. A la naissance, le bébé est peu tonique car il a peu de myéline. Mais durant la petite enfance, cette substance va progressiv­ement gainer les fibres nerveuses, de la tête aux pieds. Le corps devient de plus en plus tonique. Et grâce à ce nouvel équilibre, Bébé va pouvoir tester et répéter de nouveaux gestes qui le muscleront davantage encore. « Avant de marcher, un tout-petit tient d’abord sa tête – vers 3 mois. Puis il reste assis tout seul – vers 6 ou 7 mois », observe la Pre Laurence Vaivre-Douret, neuropsych­ologue clinicienn­e. Ce sont deux étapes essentiell­es mais il faudra encore du temps avant que l’enfant sache marcher. La myéline ne fait pas tout ! L’enfant est aussi poussé par l’envie de tester de nouvelles compétence­s. « Le parc me paraît idéal, reprend Laurence Vaivre-Douret. On en parle souvent comme d’une prison mais c’est un espace familier dont l’enfant perçoit les repères rassurants. Lorsqu’il veut se lever, il va saisir les barreaux et faire quelques tentatives sans aucune crainte car il se sentira protégé. » Et parvenir, vers 10 mois, à se dresser lui permet aussi de voir plus loin ! Ce qui attise encore son désir de recommence­r. Pour l’heure, l’équilibre du nourrisson reste précaire – les Anglais l’appellent d’ailleurs toddler, le « titubant » – mais il ne cesse de le travailler pour le parfaire. « Au début, l’enfant qui souhaite se redresser se met sur ses deux genoux, indique Laurence Vaivre-Douret. Puis il adopte la position du chevalier servant : il se tient un genou à terre, sur lequel il prend appui pour se relever. » Vers 11 mois, il tient debout et pratique ce que les profession­nels appellent le «cabotage » : il marche de façon latérale en se tenant aux meubles… comme ces bateaux qui naviguent près des côtes. Vers 13 mois, c’est la liberté! Nombreux sont ceux qui marchent seul. « Lorsqu’un tout-petit esquisse ses premiers pas, il le fait d’abord les jambes écartées pour conserver un bon équilibre, poursuit

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