Tablette, télé… Je cède ou pas?
Nous, on ne peut pas s’en passer, le souci c’est que nos enfants non plus. Mais avec tout ce qu’on entend sur les écrans, on ne sait plus vraiment que penser. Peut-on laisser les kids devant la tablette ou la télé sans culpabiliser ? Dilemme.
Nos enfants sont nés en plein dans l’ère du tout-numérique. Aujourd’hui, voir un petit bout d’à peine 2 ans faire défiler les photos de vacances avec son petit doigt sur l’iPad de papa et maman ne choque plus personne. Et cela lui semble tout « naturel ». Mais l’utilisation des écrans (télé, ordinateur, tablette, smartphone ou console de jeux) chez les enfants a toujours fait couler beaucoup d’encre… Grave, pas grave, néfaste, sans risque ? Un rapport de l’Académie des Sciences de janvier 2013 fait le point sur le bon usage des écrans chez les enfants. Bon usage qui dépend de leur âge et de leur stade de développement cognitif. Et les résultats proposés sont plutôt surprenants. Les tablettes, c’est oui mais… Si l’on en croit la Haute Autorité, «dans un cadre d’éveil précoce, une tablette numérique interactive – à la fois visuelle et tactile – peut très bien participer au développement cognitif du bébé»*. Et entre 2 et 6 ans, «les écrans et outils numériques peuvent avoir, tout particulièrement durant la période de l’école maternelle, des usages pédagogiques positifs* ». Ouf, nous voilà soulagés et déculpabilisés de laisser Arthur jouer avec notre Pad! Enfin… attention tout de même, parce que même si l’Académie dit vrai – les chercheurs sont partagés –, il ne suffit pas de coller Bébé devant un cartoon sur la tablette pour avoir la conscience tranquille. L’Académie parle là d’écrans interactifs, et interactifs seulement, c’est-à-dire permettant une interaction, un réel échange entre le petit et ce qui l’occupe. On peut trouver cette interactivité dans de nombreuses applis-jeux conçues pour les tout-petits mais aussi sur les tablettes éducatives qui leur sont spécialement destinées. Leurs programmes pourraient s’avérer des outils pédagogiques intéressants pour leurs premiers apprentissages : apprendre à lire, enrichir leur vocabulaire, dessiner, colorier, écouter de la musique… La télé, ça coince un peu plus… Ce n’est pas nouveau, les spécialistes en ont depuis longtemps dénoncé les méfaits. L’Académie des Sciences le réaffirme dans son rapport, avec une petite différence toutefois puisqu’elle proscrit la télé avant 2 ans, quand les spécialistes le font plutôt jusqu’à 3 ans. L’exposition précoce aux écrans de télé (mais aussi vidéo, DVD) est dangereuse et complètement déconseillée car, selon les spécialistes, elle engendre une passivité physique au détriment de l’expression corporelle. Le toucher, le concret, eux, permettent aux tout-petits de prendre plus facilement conscience du monde qui les entourent. Mais là ne s’arrêtent pas les griefs: la télé a aussi tendance à les «absorber» en les «abreuvant» d’un flux continu d’images qu’ils «subissent»… D’où ensuite, à l’âge préscolaire puis sco- laire, des enfants avec des retards de langage, des difficultés de concentration, un imaginaire appauvri ne sachant plus fonctionner, se raconter d’histoires, car «prérempli» de rêves préfabriqués… avec à la clé un risque de dépendance grandissant au petit écran qui viendrait combler un vide intérieur. Sans parler du grignotage devant la télé… sale habitude qui nous rattrape aussi de temps en temps. Et pourtant on les laisse devant… Et ce n’est pas un drame. Parce que, utilisée à bon escient, la télé n’a pas que du mauvais, au contraire. Nous aussi on a le souvenir d’avoir passé des mercredis matins devant la télé et on ne s’en porte pas plus mal aujourd’hui. Et puis il faut avouer que, de temps en temps, elle nous rend bien service : mettre l’aîné devant un dessin animé pendant qu’on donne le bain au petit dernier, c’est bien pratique. C’est ce qu’on fait… dans la vraie vie. Les possibles apports de la télé sont en effet aussi reconnus par les spécialistes: «Elle peut être un plus en termes d’ouverture au monde, d’apprentissage et même de loisirs», affirme Elisabeth Baton-Hervé**, chercheuse en Sciences de l’information et de la communication et consultante en éducation à l’image et aux médias. Et avec tous les programmes éducatifs et pédagogiques spécial bambins qui existent, nous parents, on se sent rassurés. «La télé, c’est une vraie mine d’infos sur le monde réel, nos petits en apprennent tous les jours sur la vie