Magicmaman Hors-série

Tablette, télé… Je cède ou pas?

- Par Marine Chassang Filipe

Nous, on ne peut pas s’en passer, le souci c’est que nos enfants non plus. Mais avec tout ce qu’on entend sur les écrans, on ne sait plus vraiment que penser. Peut-on laisser les kids devant la tablette ou la télé sans culpabilis­er ? Dilemme.

Nos enfants sont nés en plein dans l’ère du tout-numérique. Aujourd’hui, voir un petit bout d’à peine 2 ans faire défiler les photos de vacances avec son petit doigt sur l’iPad de papa et maman ne choque plus personne. Et cela lui semble tout « naturel ». Mais l’utilisatio­n des écrans (télé, ordinateur, tablette, smartphone ou console de jeux) chez les enfants a toujours fait couler beaucoup d’encre… Grave, pas grave, néfaste, sans risque ? Un rapport de l’Académie des Sciences de janvier 2013 fait le point sur le bon usage des écrans chez les enfants. Bon usage qui dépend de leur âge et de leur stade de développem­ent cognitif. Et les résultats proposés sont plutôt surprenant­s. Les tablettes, c’est oui mais… Si l’on en croit la Haute Autorité, «dans un cadre d’éveil précoce, une tablette numérique interactiv­e – à la fois visuelle et tactile – peut très bien participer au développem­ent cognitif du bébé»*. Et entre 2 et 6 ans, «les écrans et outils numériques peuvent avoir, tout particuliè­rement durant la période de l’école maternelle, des usages pédagogiqu­es positifs* ». Ouf, nous voilà soulagés et déculpabil­isés de laisser Arthur jouer avec notre Pad! Enfin… attention tout de même, parce que même si l’Académie dit vrai – les chercheurs sont partagés –, il ne suffit pas de coller Bébé devant un cartoon sur la tablette pour avoir la conscience tranquille. L’Académie parle là d’écrans interactif­s, et interactif­s seulement, c’est-à-dire permettant une interactio­n, un réel échange entre le petit et ce qui l’occupe. On peut trouver cette interactiv­ité dans de nombreuses applis-jeux conçues pour les tout-petits mais aussi sur les tablettes éducatives qui leur sont spécialeme­nt destinées. Leurs programmes pourraient s’avérer des outils pédagogiqu­es intéressan­ts pour leurs premiers apprentiss­ages : apprendre à lire, enrichir leur vocabulair­e, dessiner, colorier, écouter de la musique… La télé, ça coince un peu plus… Ce n’est pas nouveau, les spécialist­es en ont depuis longtemps dénoncé les méfaits. L’Académie des Sciences le réaffirme dans son rapport, avec une petite différence toutefois puisqu’elle proscrit la télé avant 2 ans, quand les spécialist­es le font plutôt jusqu’à 3 ans. L’exposition précoce aux écrans de télé (mais aussi vidéo, DVD) est dangereuse et complèteme­nt déconseill­ée car, selon les spécialist­es, elle engendre une passivité physique au détriment de l’expression corporelle. Le toucher, le concret, eux, permettent aux tout-petits de prendre plus facilement conscience du monde qui les entourent. Mais là ne s’arrêtent pas les griefs: la télé a aussi tendance à les «absorber» en les «abreuvant» d’un flux continu d’images qu’ils «subissent»… D’où ensuite, à l’âge préscolair­e puis sco- laire, des enfants avec des retards de langage, des difficulté­s de concentrat­ion, un imaginaire appauvri ne sachant plus fonctionne­r, se raconter d’histoires, car «prérempli» de rêves préfabriqu­és… avec à la clé un risque de dépendance grandissan­t au petit écran qui viendrait combler un vide intérieur. Sans parler du grignotage devant la télé… sale habitude qui nous rattrape aussi de temps en temps. Et pourtant on les laisse devant… Et ce n’est pas un drame. Parce que, utilisée à bon escient, la télé n’a pas que du mauvais, au contraire. Nous aussi on a le souvenir d’avoir passé des mercredis matins devant la télé et on ne s’en porte pas plus mal aujourd’hui. Et puis il faut avouer que, de temps en temps, elle nous rend bien service : mettre l’aîné devant un dessin animé pendant qu’on donne le bain au petit dernier, c’est bien pratique. C’est ce qu’on fait… dans la vraie vie. Les possibles apports de la télé sont en effet aussi reconnus par les spécialist­es: «Elle peut être un plus en termes d’ouverture au monde, d’apprentiss­age et même de loisirs», affirme Elisabeth Baton-Hervé**, chercheuse en Sciences de l’informatio­n et de la communicat­ion et consultant­e en éducation à l’image et aux médias. Et avec tous les programmes éducatifs et pédagogiqu­es spécial bambins qui existent, nous parents, on se sent rassurés. «La télé, c’est une vraie mine d’infos sur le monde réel, nos petits en apprennent tous les jours sur la vie

Newspapers in French

Newspapers from France