Contractions Tout pour les décoder…
Au fil de la grossesse, lorsque ce ventre si choyé se durcit, il faut savoir pourquoi. Afin de ne pas s’inquiéter inutilement et de réagir à bon escient.
Pascaline, 28 ans, n’a jamais ressenti une seule contraction de toute sa grossesse. Elle est arrivée à la maternité un samedi matin. « J’ai perdu les eaux et j’ai un peu mal au ventre », a-t-elle expliqué. La sage-femme de service l’a examinée avant de l’accompagner immédiatement en salle de naissance… Le col de l’utérus était dilaté à 8 centimètres ! Une heure et quinze minutes plus tard, son bébé poussait son premier cri. Si le cas existe, il est relativement rare. La presque totalité des femmes enceintes ressent fréquemment des contractions qui vont s’intensifiant au fur et à mesure que se rapproche la naissance. L’utérus est un muscle creux et lisse et, comme tout muscle, il est composé de fibres qui ont le pouvoir de se contracter. Et pas seulement quand on est enceinte, au moment des règles par exemple ! Pendant la grossesse, en raison du développement de l’utérus, les contractions sont physiologiques et deviennent perceptibles vers le quatrième mois. Indolores, de faible ampleur, ces contractions dites de Braxton-Hicks (du nom des médecins qui les ont étudiées) n’ont rien d’alarmant. En fait, l’utérus se prépare et s’entraîne à l’accouchement. Sa partie inférieure s’étire pour aider la tête du bébé à s’installer dans le petit bassin. Sous l’effet de la contraction (qui dure 15 à 45 secondes environ, sans périodicité ni rythme précis),
cavité utérine. Il dort, comme à l’ordinaire, puisque le sommeil l’occupe vingt heures sur vingt-quatre !
Pas toutes égales face à la douleur
«Les contractions sont un phénomène qui préoccupe nombre de futures mères, surtout celles qui attendent leur premier enfant, explique le Dr Vincent Ducrotoy, gynécologue-obstétricien. C’est une sensation nouvelle, et elles s’inquiètent pour la suite de leur grossesse. Le plus souvent inutilement.» Pour l’anecdote, et sans qu’il y ait de véritable explication, ce médecin a remarqué que les femmes grandes et minces avaient en général un utérus tonique, et étaient donc peut-être plus sensibles à ces tensions. « Les femmes anxieuses, très à l’écoute de leur corps et la main sur le ventre en permanence, sont les premières “victimes” des contractions, souligne pour sa part Véronique Chaplet, sage-femme. Elles sont à leur affût, les comptent, les recomptent… mais heureusement, n’accouchent pas prématurément pour autant. » Et puis, il faut bien le dire, la sensibilité aux contractions dépend aussi de notre réceptivité à la douleur. Là où certaines ne ressentiront qu’une petite tension dont elles ne se soucieront guère, les autres diront éprouver un pincement désagréable, voire douloureux. Perceptions différentes pour un même phénomène…
Un rythme trop soutenu
Au fil des mois, les contractions s’intensifient, et c’est tout à fait normal. L’utérus se détend sous le poids du bébé (imaginez quand il s’agit de jumeaux!) et du liquide amniotique, ses fibres deviennent plus élastiques et plus contractiles, par effet réflexe. On sait aussi qu’au cours des dernières semaines, la progestérone, l’hormone de la grossesse chargée de relâcher l’utérus, perd de son efficacité et ne parvient plus à freiner les contractions. D’où leur montée en puissance… Mais en principe, elles devraient, à ce stade, rester indolores. Il existe pourtant des cas où votre uté- rus – stimulé par la tension générale du corps – se contracte brusquement, parfois douloureusement, avant de se détendre quelques secondes plus tard. Vous êtes stressée par un chef pointilleux ou des soucis familiaux ? Vous avez une ou deux heures de transport quotidien, un enfant en bas âge, une grande maison avec des escaliers, un travail exigeant une station debout… ? Vous avez été amenée à faire des efforts physiques comme pousser chaque semaine un plein chariot de supermarché ou déménager – ce qui, d’après les professionnels, est extrêmement courant chez les futurs parents trop à l’étroit ? Ce phénomène peut alors survenir, généralement le soir, après la fatigue d’une longue journée ou simplement à cause d’un changement de position – ou même d’un éternuement! Quatre ou cinq en vingt-quatre heures, quand elles durent moins de quarante-cinq secondes, ce n’est pas inquiétant, surtout si vous avez le sentiment d’en avoir trop fait. « Mais si leur nombre dépasse dix par jour et qu’elles sont ressenties douloureusement, il faut consulter», insiste Véronique Chaplet. Le risque ? Que les tractions exercées sur les fibres de l’utérus encouragent ce muscle à commencer son travail et que la dilatation du col survienne trop tôt.
Revoir son emploi du temps
Votre gynécologue ou la sage-femme qui suit votre grossesse vous examinera après vous avoir interrogée. Si le col de l’utérus n’a pas bougé, les contractions peuvent être le signe d’une infection, généralement urinaire ou vaginale. Il s’agit le plus souvent de la bactérie Escherichia coli, du streptocoque B ou du champignon Candida albicans. Selon la nature de l’infection, le médecin ou la sage-femme vous prescrira des ovules antiseptiques, antibiotiques ou antifongiques. Autre explication, vous avez vraiment trop tiré sur la corde et êtes très fatiguée. Pour faire cesser les contractions, il faudra revoir votre emploi du temps : travailler plus raisonnablement, faire des pauses dans la journée et aussi des nuits plus longues. Quand les contractions agissent directement sur le col de l’utérus, cela devient plus sérieux. « Si le col s’est un peu raccourci et que seul son orifice externe s’est ouvert, on prescrit un arrêt de travail et une surveillance à domicile par une sage-femme au moins une fois par semaine », précise Véronique Chaplet. Il n’est pas question de rester au lit toute la journée mais simplement de se reposer : faire la grasse matinée et une sieste en début d’après-midi, mettre un frein aux travaux ménagers lourds (ménage à fond, nettoyage des vitres…), demander l’aide du papa ou d’une grand-mère pour les enfants… La surveillance se renforce encore lorsque le col de l’utérus s’est franchement modifié. S’il s’est beaucoup raccourci et que son orifice interne a com-
mencé à s’ouvrir, il existe en effet un risque d’accouchement prématuré. Dans la plupart des cas, les médecins ont alors recours à l’hospitalisation pour protéger le bébé. « La future mère est mise au repos », explique le Dr Vincent Ducrotoy. Si, en raison de contractions toujours importantes, l’alitement n’est pas suffisant, des médicaments seront indispensables. « Grâce à eux, précise le gynécologue, l’utérus se relâchera – les contractions vont donc diminuer – et la grossesse se poursuivra tranquillement et le plus longtemps possible. Puis, si nécessaire – lorsque la grossesse est de moins de sept mois et demi – des corticoïdes seront prescrits afin d’accélérer la maturation des poumons du foetus. » La grossesse n’est pas une maladie mais l’organisme d’une femme enceinte est tout de même mis à rude épreuve. Quelques précautions sont donc indispensables pour éviter que les contractions n’arrivent trop tôt, la première étant de ne pas trop en faire !