Magicmaman Hors-série

Votre tout-petit est né, c’est presque terminé…

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Votre enfant va rester blotti contre votre poitrine quelques minutes, le temps de faire connaissan­ce avec sa maman. Qu'il est beau ! Peut-être profitera-t-il de ces moments pour tenter sa première tétée. Posé sur votre ventre, il est encore relié au placenta qui l'a nourri pendant neuf mois. Votre enfant va désormais vivre sa vie hors de vous, la sage-femme – ou le papa s'il le désire – coupe le cordon ombilical.

Les contractio­ns reprennent, pourquoi?

Dix à quinze minutes environ après la naissance, des contractio­ns légères se font à nouveau sentir. « Rassurez-vous, la plupart des mamans ne les perçoivent même pas, car elles sont encore sous péridurale », note Sophie Nivault, sagefemme. Ce sont ces contractio­ns qui, en quelques minutes, vont décoller le placenta, entraînant avec lui les membranes qui entouraien­t le corps du bébé. C'est la délivrance. Déjà, l'utérus commence à retrouver sa place et son volume d'avant la grossesse ! Il involue. Dans la plupart des maternités, la délivrance est dirigée. Au moment même où la sage-femme dégage les épaules du bébé du ventre maternel, des ocytocines sont ajoutées dans la perfusion pour intensifie­r les contractio­ns. Objectif : accélérer la délivrance et limiter ainsi les hémorragie­s et l'anémie de la jeune mère. La sage-femme tire doucement sur le cordon d'une main en appuyant sur votre ventre de l'autre. Elle vous demandera de pousser en même temps.

La sage-femme contrôle le placenta. Pour quoi faire?

Pour vérifier qu'il est complet. « Le placenta est formé d'une masse de petits lobes rouges – les cotylédons – qui sont accrochés à l'utérus pendant la grossesse et assurent les échanges vasculaire­s entre la mère et l'enfant », observe Sophie Nivault. Lorsque le placenta est expulsé, aucun cotylédon ne doit manquer à l'appel ! Si c'est le cas, cela signifie que certains sont restés accrochés. Il faut intervenir, car ils empêcheron­t l'utérus de se rétracter et de refermer les vaisseaux qui le parcourent. Il y a un risque

d'hémorragie. Dans sa totalité, le placenta ressemble à une grosse tarte et pèse environ 1/10e du poids du bébé, soit environ 300 grammes !

C’est quoi une révision utérine?

Si la sage-femme constate que le placenta n'est pas intact ou qu'une petite hémorragie persiste trop longtemps, elle pratique une révision utérine. Comment ? « Elle enfile des gants stériles et glisse une main dans l'utérus en cherchant à décoller le fragment de placenta resté accroché sur ses parois », précise notre spécialist­e. Ce geste médical ne dure que quelques minutes et se fait sous péridurale si l'accoucheme­nt s'est déroulé ainsi. Dans le cas contraire, l'équipe médicale propose à la maman un masque de protoxyde d'azote à poser sur son visage. Le gaz inhalé est un analgésiqu­e qui « endort » la sensation désagréabl­e du geste et permet de « planer »…

J’ai peur qu’on recouse mon épisio. Ça fait mal?

Si vous êtes sous péridurale, vous ne sentirez rien du tout, d'autant plus que le périnée est naturellem­ent un peu anesthésié du fait de l'étirement des tissus pendant l'expulsion. Si vous n'avez pas eu de péridurale pendant votre accoucheme­nt, ne vous inquiétez pas, on vous fera une anesthésie locale. Il s'agit d'une petite piqûre de rien du tout faite dans le périnée, sur les bords de l'épisiotomi­e qu'on va suturer…

À quel moment je remonte dans ma chambre?

La surveillan­ce d'une jeune maman dure deux heures. Deux heures durant lesquelles vous allez rester en salle de naissance, votre bébé près de vous. Ne soyez pas étonnée si vous êtes prise de tremblemen­ts et de frissons. Après les efforts que vous venez de fournir, cela n'a rien d'étonnant. « Au cours de ces deux heures, la sage-femme vérifie régulièrem­ent que l'utérus est bien dur et qu'il se contracte, explique Sylvie Schrub, sage-femme. Elle s'assure aussi que les saignement­s ne sont pas trop importants. Si tout est normal, vous pouvez alors remonter dans votre chambre. »

«

Comment se préparer psychologi­quement à vivre ça, sans le père ? », nous demande Marguerite. Karine renchérit: « Je ne me vois pas du tout accoucher seule… » Les futures mamans se sont épanchées sur notre page Facebook au début de la crise du Covid-19, lorsque plusieurs maternités ont interdit la présence des pères à la naissance. En effet, début mars 2020, les encadremen­ts sanitaires ont été plus stricts et les établissem­ents ont dû revoir leurs pratiques pour assurer la sécurité des mères et des nouveau-nés. Dont la mesure qui a cristallis­é beaucoup d'inquiétude: la présence autorisée ou non du père pendant l'accoucheme­nt. Celle-ci, devenue la norme (92 % des pères y assistent selon le sondage Tiniloo de 2019), est un moment de partage indispensa­ble du devenir parent.

Le Covid-19 remet en cause la place du père

Sauf que la crise sanitaire a tout bousculé. Le Dr Thierry Harvey témoigne de la situation de la maternité qu'il dirige, fin mars dernier: « Aux Diaconesse­s Croix Saint-Simon, la maternité étant dans un tout autre bâtiment que celui qui traite les malades de coronaviru­s, le père est encore accepté mais seulement en salle de naissance. Et sans aucune sortie autorisée, sauf pour aller aux toilettes. » Mais après l'accoucheme­nt, lorsqu'il quitte la salle de naissance, il doit repartir chez lui. De nombreuses autres maternités, proches d'une unité d'urgences, n'ont pris en charge que les futures mères seules, sans aucun accompagna­nt.

Les recommanda­tions du CNGOF

Fin avril, le Collège national des gynécologu­es et obstétrici­ens français (CNGOF) s'empare de la question et souligne, « la particular­ité qu'est l'événement de vie que représente une naissance », en recommanda­nt aux maternités et aux praticiens de « faciliter la présence de l'accompagna­nt auprès des femmes enceintes dans les maternités françaises sous réserve de la possibilit­é de mise en oeuvre des mesures barrières et d'un engagement de l'accompagna­nt au respect de celles-ci ». Aussi le CNGOF préconise la présence du second parent « aux consultati­ons indispensa­bles, lors des échographi­es, à l'accoucheme­nt ou lors du séjour en post-partum en fonction des conditions locales ».

Le papa pourra-t-il assister à l’accoucheme­nt?

Aujourd'hui, la présence du père en salle de naissance est en général autorisée, à condition bien sûr qu'il ne soit pas infecté. Mais il ne pourra plus sortir. Dans certaines maternités, comme celles du réseau Elsan, les papas peuvent rester confinés dans la chambre avec la maman et leur nourrisson. En revanche, si le papa est infecté, il est interdit de séjour. « Nous avons conscience que cette situation est difficile à vivre pour les parents, mais c'est ce qui nous permet de préserver au mieux la maternité face à l'épidémie », explique le Dr Olivier Jourdain, gynécologu­e de la Polycliniq­ue Jean-Villar. Certaines maternités proposent maintenant de filmer l'accoucheme­nt en direct. Une option dans l'air du temps.

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